Les agences de placement comme vecteurs centraux de la privatisation des services de soutien à domicile
19 janvier 2022
Une des nombreuses conséquences de la pandémie de COVID-19 est d’avoir mis en lumière les effets pervers du recours aux agences de placement de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux : roulement de personnel, détérioration de la qualité des services, explosion des coûts et tarification abusive, conflits d’intérêts (ex. : propriétaires d’agences détenant des postes de cadre dans le réseau), iniquités dans les conditions de travail et salariales, déstabilisation des équipes de travail, etc.
Le drame vécu dans les milieux d’hébergement lors de la première vague remet aussi à l’avant-plan la nécessité de revoir en profondeur l’offre de soins de longue durée pour la recentrer sur les services de soutien à domicile. À la croisée de ces deux enjeux majeurs se trouve une industrie en plein développement : celle des agences de placement en services à domicile.
Faits saillants
- Le secteur de la santé et des services sociaux est un marché majeur pour l’industrie des agences de placement, les dépenses en location de main-d’œuvre des établissements publics du réseau ayant représenté l’équivalent de 28,9 % des revenus totaux de cette industrie en 2020.
- Les services d’aide à domicile sont un des secteurs du réseau de la santé et des services sociaux où la dépendance structurelle à l’égard des agences de placement est la plus forte : en 2019-2020, ce sont 27,9 % des heures travaillées en aide à domicile qui ont été assurées par de la main-d’œuvre indépendante, contre 2,9 % dans l’ensemble du réseau.
- Le coût horaire de la main-d’œuvre indépendante augmente beaucoup plus rapidement que celui des employées du réseau dans les services de soutien à domicile, avec pour résultat que l’avantage financier d’y avoir recours a diminué de 60 % entre 2015-2016
et 2020-2021. - Le taux de recours à la main-d’œuvre indépendante pour la prestation de l’aide à domicile varie grandement d’une région et d’un établissement à l’autre, passant de 0 % des heures travaillées dans certains établissements à plus de 70 % dans certains autres.
- Ce sont avant tout des choix politiques et gestionnaires, et non la supposée pénurie de personnel en santé et services sociaux, qui expliquent le recours à la main-d’œuvre indépendante en services de soutien à domicile.