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Retour sur le dernier budget du Québec : les négos sont lancées…

11 juin 2014

  • Philippe Hurteau

Le dépôt du premier budget de Carlos Leitão a fait couler beaucoup d’encre. Après que le Vérificateur général du Québec ait décrit la situation budgétaire du Québec en des termes catastrophiques, le ton était résolument donné. En gros, ce budget a définitivement placé le Québec sur la voie de l’austérité tout en lançant des réformes structurelles majeures destinées à limiter durablement la capacité de l’État à remplir son rôle social.

Un volet peu discuté du budget fut toutefois celui de la prochaine négociation entre l’État et ses employé.e.s. En effet, le 31 mars prochain, la convention collective qui définit les conditions d’emploi des employé.e.s de l’État viendra à échéance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que M. Leitão a placé ses billes.

Gel des embauches

Le dernier budget annonce un gel des embauches et cette mesure sera appliquée pour les trois prochaines années. C’est donc dire que le gouvernement entend rester sourd aux besoins réels et concrets de main-d’œuvre dans l’ensemble des services publics. Ce qui préoccupe le ministre des Finances, ce n’est pas le maintien de la qualité des services, mais de rencontrer ses objectifs de contrôle des dépenses, et ce,  peu importe les conséquences sur la population.

L’important pour Leitão, c’est de faire des économies. Selon les évaluations, 15 000 employé.e.s de l’État prendront leur retraite cette année et l’an prochain. Avec ces départs, le gouvernement entend économiser 100 M$ dès cette année et 500 M$ pour les deux années suivantes. Deux éléments sont à craindre : 1) le maintien et la normalisation d’une situation déjà limite, le nombre d’employé.e.s n’étant souvent pas suffisant pour la tâche à accomplir et 2) la substitution, au moment du remplacement des départs à la retraite, d’emplois réguliers par des emplois précaires.

Atteindre à court terme des objectifs de contrôle de dépenses risque donc de fragiliser tout autant la qualité des services dispensés que la vie des jeunes qui, au moment d’orienter leur carrière, font le choix du service public.

Cadre de la prochaine négociation du secteur public

Cette décision de geler les embauches se complète d’une proposition qui ne laissera pas beaucoup d’espace pour une négociation de bonne foi entre l’État et ses employé.e.s. Pour la période allant de 2015 à 2019, soit la durée de la prochaine convention collective, le budget prévoit une hausse moyenne de 2,1 % des dépenses de programmes. Dans le document budgétaire, le ministre Leitão est explicite : il faudra lier l’augmentation de la rémunération globale au niveau de la croissance des dépenses de programmes.

Comme le passé est souvent garant de l’avenir, il y a de fortes chances que le gouvernement ne parvienne pas à atteindre ses objectifs côté dépenses. Dans un tel cas, j’ai bien hâte de voir s’il sera possible de majorer à la hausse le cadre du règlement qu’il entend offrir à ses employé.e.s.

Aussi, il est indiqué que le gouvernement souhaite explorer la voie d’une bonification salariale si celle-ci est liée à des gains d’efficience dans la prestation des services publics. Encore là, la compréhension de ce qu’est un service public semble faire défaut au ministre. Une plus grande efficience n’est pas ce à quoi nous sommes en droit de demander à un infirmier ou à une enseignante, mais bien qu’il ou elle remplisse ses responsabilités avec attention, respect et humanisme. Aborder cet enjeu uniquement en ayant en tête des coûts à contrôler, c’est s’assurer de poser un mauvais diagnostic et donc de choisir de mauvaises solutions.

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