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Dette: quatre raisons de ne pas paniquer

21 mars 2017


Le gouvernement du Québec déposera son budget dans quelques jours. Les dix dernières années ont été consacrées à un effort principal : la réduction de la dette publique du Québec. Alors que le gouvernement passe en mode électoral et que le sombre vocabulaire de l’austérité cède la place aux rivières d’or et aux montagnes d’argent, un des plus importants choix budgétaires du gouvernement sera de continuer ses versements au Fonds des générations. Cette année, ces montants devraient représenter 2,5 G$, une somme importante pour le budget du Québec. Pourtant, le gouvernement du Québec a tort de mettre autant d’efforts sur la réduction de sa dette : elle n’a rien d’inquiétant. Voici quatre raisons de ne pas vous réveiller la nuit en pensant que la dette du Québec va venir vous dévorer, tirées de notre plus récente publication:

1.     Le poids de la dette diminuerait même si le gouvernement ne versait pas un sou dans le Fonds des générations

De 1997 à 2008 le poids de la dette dans l’économie du Québec a diminué, passant de 60% du PIB à 50%. Il a légèrement augmenté pendant la période de crise, comme partout dans le monde et il recommence à diminuer aujourd’hui. L’argent déposé dans le Fonds des générations n’a pas joué de rôle déterminant ici. L’élément fondamental sur cette question, c’est la croissance du PIB. En mettant autant d’argent dans un fonds plutôt que de l’investir dans l’économie du Québec, le gouvernement y a nui directement et est en partie responsable de la maigre croissance des dernières années. Bref, plus souvent qu’autrement dans les 20 dernières années, le poids de la dette a diminué sans que le gouvernement n’ait à mettre de l’argent de côté pour la rembourser.

2.     Le Québec consacre une part de plus en plus petite de ses dépenses au paiement des intérêts sur sa dette

À la fin des années 1990, le Québec consacrait 16% de ses dépenses au service de sa dette. L’an prochain, le gouvernement prévoit qu’il y consacrera 9,8%. La chute des taux d’intérêt y est bien sûr pour quelque chose. Néanmoins, si notre niveau d’endettement était inquiétant, nous aurions vu nos paiements d’intérêt augmenter et non diminuer comme ils le font depuis plusieurs années.

3.     L’endettement du Québec se compare avantageusement à celui des autres économies avancées

Si on compare la dette brute du Québec avec les autres économies avancées, notre niveau d’endettement est faible quand on considère seulement l’endettement du Québec ou dans la moyenne quand on lui attribue un part de la dette fédérale. Lorsqu’on regarde la dette nette, c’est encore mieux, les importants actifs financiers du gouvernement du Québec lui permettent d’avoir un niveau d’endettement allant de très faible (sans le fédéral) à sous la moyenne (avec le fédéral). Aucun problème ici donc, le Québec n’est pas en mauvaise posture.

4.     Notre cote de crédit est plutôt stable

Pour une raison étrange, on a l’impression au Québec que les agences de notation sont toujours sur le point de nous décoter à cause de cette terrible dette. Pourtant, les trois agences principales (Moody’s, Fitch, Standard and Poors) ont soit laissé notre cote de crédit stable dans les 20 dernières années, soit elles l’ont améliorée. Là aussi donc, pas d’inquiétude à y avoir, rien ne nous menace.

Il n’est donc pas justifié de mettre des milliards pour rembourser la dette. Elle n’est pas à un niveau dangereux et ce niveau diminuerait même si on ne mettait pas d’argent de côté pour elle. Priver les services publics de sommes considérables pour financer la lubie de la réduction de la dette est irresponsable.

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