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Saison des budgets : période d’échauffement

17 mars 2017

  • Guillaume Hébert

La saison des budgets approche et comme à l’habitude, nos amis du Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) publient un budget alternatif qui montre à quel point le gouvernement fédéral pourrait faire des choix différemment. Le deuxième budget du gouvernement Trudeau sera fondamental. Il permettra une fois pour toute de montrer quelle est la véritable part de progressisme dans ce gouvernement au-delà de la rhétorique qui tranchait avec celle du gouvernement précédent.

La recette proposée par le CCPA pour le budget fédéral peut s’apparenter à celle de Justin Trudeau. On investit sans craindre les déficits parce que la priorité est de redémarrer l’économie qui stagne. On applique ce faisant les nouveaux diktats des institutions internationales qui craignent un enlisement généralisé sans fin. Une « stagnation séculaire »…

Mais il y a une différence majeure entre l’approche du CCPA et celle des libéraux : celle de nos collègues canadiens est beaucoup plus ambitieuse et beaucoup plus déterminée à atteindre des objectifs sociaux que l’on devrait considérer pourtant comme des seuils minimaux dans un pays riche. Parce que jusqu’à nouvel ordre, jusqu’à l’emballement climatique corolaire du réchauffement ou l’invasion des marines décidée par un Donald Trump qui passe une mauvaise journée, le Canada est encore un pays riche. Archi-riche, même, où les ultras-riches dorment sur des fortunes plutôt que de s’en servir pour réactiver l’économie réelle, celle qui importe vraiment à monsieur-madame-tout-le-monde.

Avec les mesures d’un budget progressiste, un million de Canadien·ne·s sortiraient de la pauvreté, la croissance économique doublerait pour atteindre 5,4% la première année et près d’un demi-million d’emplois seraient créés sous l’effet de la stimulation. Selon les projections, le chômage diminuerait à 6,4%.

Ce budget permettrait également de réduire les inégalités et de supprimer les échappatoires fiscales qui minent la capacité de l’État à fonctionner correctement. J’imagine sous une telle approche, la possibilité que des amnisties soient offertes à des riches contribuables qui ont échappé à l’impôt serait simplement inadmissible. Aujourd’hui, elle est plutôt au centre d’enquêtes où le comportement des juges est mis en cause…

Aura-t-on besoin d’un impôt plus lourd pour financer ces mesures qui peuvent apparaître ambitieuses dans une société où l’on s’abreuve aux idées néolibérales depuis plusieurs décennies ? Oui, surtout pour les ménages qui gagnent plus de 218 000$, soit 5% des familles les plus riches. La moitié des familles du Canada, celles qui gagnent moins de 63 000$ recevront des transferts plus élevés. Entre ces deux niveaux, les familles paieront un peu plus de d’impôt en fonction de leur revenu mais auront accès à des services grandement améliorés.

Le budget fédéral alternatif comprend tout plein d’autres mesures importantes. Le fruit d’un travail qui dure depuis des années et qui cumule plein d’excellentes propositions de politiques publiques pour l’intérêt collectif. On se doute que le gouvernement de Justin Trudeau n’en appliquera pas beaucoup. Ce qui laissera ouverte la question de quels intérêts sert-il exactement. Mais laissons-lui une dernière chance. Laissons-lui jusqu’au 22.

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