Le top 10 des pollueurs et leur évolution
27 septembre 2018
En cette période électorale où la transition écologique commence à prendre plus de place dans le débat, il me semble opportun de présenter une mise à jour du traditionnel décompte des 10 plus grands pollueurs au Québec. À ce « top 10 », j’ajoute les sommes annoncées ou reçues par le Fonds vert ou par l’organisation Transition énergétique Québec (TEQ).
Cela nous permettra de voir évoluer les données entre la mise en place du SPEDE, le système de bourse au carbone au cœur de la stratégie environnementale du dernier gouvernement mis en place en 2013, et 2016, la plus récente année pour laquelle nous avons des données vérifiées.
Top 10 des plus grands pollueurs industriels en 2016 et leurs subventions provenant du fonds vert et de TEQ
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Gaz à effet de serre (GES) (tm CO2 eq) 2016 |
Production GES par rapport à 2013 |
Subvention annoncée ou octroyée depuis 2012-2013 par Fonds vert ou TEQ |
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1 |
Rio Tinto Alcan |
3 882 730 |
90,4 % |
144 900 $ |
2 |
Arcelormittal |
1 995 761 |
110,5 % |
5 850 727 $ |
3 |
Suncor/Parachem |
1 351 191 |
99,2 % |
4 502 465 $ |
4 |
Valero |
1 325 334 |
104,0% |
|
5 |
Aluminerie Alouette |
1 113 502 |
102,1 % |
1 508 750 $ |
6 |
ALCOA CANADA et filiales |
945 552 |
78,8 % |
3 102 894 $ |
7 |
Aluminerie de Bécancour |
805 726 |
100,3 % |
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8 |
Groupe CRH Canada |
827 828 |
107,2 % |
155 685 $ |
9 |
Graymont |
683 914 |
89,8 % |
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10 |
Ciment Québec |
647 290 |
130,6 % |
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|
Total |
13 578 828 |
98,0 % |
15 265 421 $ |
Sources : Assemblée nationale du Québec, MDDELCCCQ, MERN, Le Devoir, Journal de Québec, TEQ
Par rapport aux dernières années, il y a peu de changement ; le top 10 est composé d’alumineries, de cimenteries et de raffineries sur le territoire. La différence la plus notable par rapport au décompte précédent est la sortie du top 10 des entreprises Holcim et Lafarge, qui ont fusionné et diminué leurs activités en sol québécois, ce qui fait considérablement baisser les GES de ce top 10 et qui explique la baisse de 2 points de pourcentage entre 2013 et 2016 du top 10. On peut bien sûr se féliciter de ces résultats, cependant, il faut garder en tête que depuis quelques années, le secteur de l’aluminium connaît une chute de croissance et l’industrie a peiné à suivre un baisse marquée des prix de la ressource, ce qui a affecté de manière importante la production et donc l’émission de GES sur le territoire. Bref, ne célébrons pas trop vite. En 2016, les 10 entreprises les plus polluantes qui étaient soumises à la vérification émettaient 13 578 828 tonnes d’équivalent de CO2, ce qui représente l’équivalent de plus de 55 % de pollution industrielle au Québec (selon les données les plus récentes) et 16,6 % de l’ensemble des GES émis au Québec (p.12). Évidemment, on peut s’attendre à ce que l’an prochain, les GES émis par le secteur industriel explosent, car il est estimé que l’arrivée de la cimenterie Port Daniel, financée à même investissement Québec et la CDPQ, pourrait représenter jusqu’à 1,76 M t de GES et prendre haut la main la première place de notre palmarès.
En termes d’argent, ces entreprises ont reçu du Fonds vert ou de TEQ des montants de plus de 15 M$ pour transformer leurs activités depuis l’année 2012-2013, ce qui revient à une hausse de 2 %. Alors que le Fonds vert est critiqué de toute part, il est effectivement pertinent de contester son utilisation comme le font plus particulièrement le Parti Québécois et Québec Solidaire. La lecture des résultats, qui restent peu élevés, laisse croire qu’il serait plus pertinent d’investir dans des projets à meilleur apport ajouté en baisse de GES.
Notons aussi que l’ensemble des entreprises présentées ci-haut a reçu des droits d’émission de GES pour le SPEDE gratuitement par le gouvernement québécois. Bien que nous ne puissions quantifier exactement ce que cela veut dire en termes de valeur par entreprise, on peut considérer que pour le top 10, cela représente plusieurs millions de dollars.
Évidemment, on peut supposer qu’en aidant financièrement les grands pollueurs, ceux-ci amélioreraient leur performance. Pour le moment, les expériences des dernières années ne sont pas concluantes. De plus, il y a d’importants secteurs qui doivent être développés. En ce sens, l’État gagnerait à proposer de véritables projets de transformation, s’il veut utiliser à bien les fonds dédiés à l’environnement au Québec.