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Le gras fait de mauvaises chansons

4 février 2015


Vous rappelez-vous du refrain de la chanson libérale la plus populaire de l’été dernier?

Ça allait comme suit : « Les coupures n’affecteront pas les services offerts à la population. On va couper dans le gras ».

Diffusée à travers la province par un appareil suffisamment puissant, sa mélodie devait couvrir le bruit de la scie à chaine que le gouvernement utilisait pour amputer les services publics. Depuis, elle est sortie du palmarès, ou du moins, le gouvernement ne se donne même plus la peine de la chanter… Comme elle servait de justification aux compressions annoncées dans le budget de juin dernier, il est peut-être intéressant de la syntoniser de nouveau pour voir si son air est encore au goût du jour.

Alors, ces mesures de « rigueur » – rappelons que le gouvernement refuse de parler d’austérité – ont-elles vraiment été sans effet sur les services offerts à la population? Voyons-en quelques unes. Commissions scolaires : Réduire le budget des commissions scolaires a des conséquences sur les gens qui vont à l’école. Moins d’aide aux devoirs, moins d’aide alimentaire, moins de personnel pour appuyer les élèves en difficultés. Est-ce parce que les élèves du primaire n’ont pas le droit de voter qu’on ne les compte pas dans la population?

Universités : Des centaines de cours de moins dans les universités du Québec, l’éducation n’est pas un service offert à la population? Quand on demande à l’UQAM, par exemple, de réduire son budget de 5%, comment peut-on espérer la même qualité de services?

CLD, CRÉ, CDEC et autres : Les PME qui avaient besoin d’un soutien, les projets d’économie sociale en démarrage, les personnes qui voulaient comprendre comment se lancer en affaires, tout ce monde-là, ça ne compte pas? En région, tous ces centres qui ferment, quels effets pour l’emploi?

Garderies : Obtenir le même service pour plus cher, est-ce qu’on peut vraiment dire que « ça n’a pas d’impact sur les services »? Pour certaines personnes, ça signifiera immanquablement profiter moins du service, s’en passer, ou sacrifier autre chose.

Réformes de structures : Éloigner la prise de décision des gens qui reçoivent les services, c’est avoir un impact sur ces services. Une fois que les postes de représentant.e.s des usagers sur le CA de votre hôpital seront abolis, vous n’aurez qu’un malheureux numéro de téléphone pour formuler une plainte ou proposer un changement : bonne chance pour adapter les institutions à vos besoins. Quand vous devrez conduire 200 km pour vous rendre aux bureaux de votre commission scolaire, vous constaterez peut-être que proximité rime souvent avec qualité.

Ce ne sont que des exemples, on pourrait continuer longtemps. De toute évidence, la rengaine du « ça n’affectera pas les services » est devenue bien ringarde. Dès le départ, elle tient sur un mythe : celui du gras si généreux où on peut toujours couper plus. Or, quand on voit ce que font les ministères en ce moment, on voit bien qu’on tranche dans la chair et qu’on touche l’os.

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