L’angoisse de vieillir
12 janvier 2016
Après le temps des Fêtes, nombreuses sont les personnes qui ont regardé leur compte de banque et leur relevé de carte de crédit et poussé un long soupir. À moins de changements majeurs, les risques sont faibles qu’on dégage assez d’argent avant la fin de la période des RÉER pour pouvoir profiter de ce véhicule financier. Et on apprenait récemment que l’angoisse d’une vieillesse pas assez pourvue perturbe le sommeil d’une part non négligeable de la population. Si seulement il existait un moyen reconnu, simple et efficace pour assurer un revenu stable et adéquat à la population…
Prenons le temps de dresser les critères qui définiraient ce système hypothétique.
D’abord, la retraite est une responsabilité partagée. Il y a la personne qui arrête de travailler, qui est celle qui recevra des prestations. L’employeur doit aussi participer, lui qui a profité de la force de travail de celle qui quitte. L’État n’est pas en reste. On semble l’oublier en ces temps d’austérité où la comptabilité prend le pas sur tout le reste, mais l’État a aussi (surtout) des rôles dans la mise en place de valeurs collectives, de lien social et de projet de société. Après avoir contribué activement à la société, il semble logique que la société contribue activement à nous préserver une vie digne.
Pour que ce soit juste, il faudrait que le plus de personnes possible y aient accès. Disons, tous les travailleurs et travailleuses. En plus de permettre à un grand nombre de bénéficier d’une certaine sécurité financière, le fait de couvrir si large permet de redistribuer le risque. En effet, dans le lot, il y a des jeunes et des vieux, des personnes avec des emplois précaires et d’autres avec un travail stable, des revenus élevés et moins élevés. Pour les autres, ou pour ceux et celles qui auraient droit à des prestations qui ne permettent pas une vie digne, des programmes spécifiques pourraient leur garantir un revenu minimum, quelque chose qu’on jugerait décent.
Cette diversité assurerait une stabilité, permet que les mauvaises performances de certains placements de certaines années affectent les rendements de manière marginale et que les prestations futures soient prévisibles, relativement sûres en plus de se donner de la marge de manœuvre pour pouvoir s’ajuster. C’est aussi un bon moyen pour que la somme des économies dépasse l’argent qui y est déposé. Au contraire, une solution individuelle fait reposer tout le risque sur la seule personne qui économise. Le grand nombre permet aussi des frais de gestion minimes. Les montants à administrer sont importants et il n’y a qu’un seul « client », qui représente un nombre important de personnes, que ce soit parce qu’elles contribuent ou en bénéficient.
Ensuite, il faudrait que ce soit simple. Quelque chose comme des prélèvements automatiques, directement sur son chèque de paie par exemple. Ainsi, il suffit de travailler pour assurer sa retraite, et par le fait même, la retraite de toutes les personnes faisant partie du groupe.
Faisons le bilan : un programme général où un très grand nombre de personnes est admissible à y participer, dans lequel tant les travailleurs et travailleuses que les employeurs contribuent, géré et encadré par l’État et qui permet d’obtenir des revenus qui garantissent une vie digne au crépuscule de la vie…
Mais bon. Pour que ça fonctionne, encore faudrait-il que ça existe. Que le modèle ait fait ses preuves et qu’on y fasse confiance.
Si seulement une telle chose était possible… Tiens. Ça pourrait s’appeler le Régime des rentes du Québec. Ça serait fou.