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Écart de rémunération hommes-femmes : la Coupe du monde des inégalités

24 novembre 2022

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4min

  • Guillaume Hébert

Les données publiées lundi par l’Institut de la statistique du Québec ISQ) nous apprennent qu’en 2021, les femmes ont gagné 91 % de la rémunération horaire des hommes. Certains y voient une bonne nouvelle dans la mesure où l’écart s’est amenuisé par rapport à ce qu’il était en 1998. D’autres toutefois ont noté qu’au rythme où vont les choses actuellement, l’égalité hommes-femmes ne sera pas atteinte avant une bonne cinquantaine d’années.

Évidemment, on ne parle ici que du taux horaire moyen des femmes qui occupent un emploi. Rappelons que le revenu annuel moyen raconte une autre histoire alors que pour l’année 2019, par exemple, les femmes gagnaient 39 800$, soit 23,8 % de moins que les hommes (52 200 $).

Les inégalités de rémunération dans le sport

Depuis quelques années, on s’intéresse de plus en plus à l’écart de rémunération des athlètes de différents sports, qui est souvent abyssal entre les hommes et les femmes. Au hockey par exemple, le salaire moyen d’une joueuse professionnelle est de 37 500 $ dans la Premier Hockey Federation. Dans la Ligue nationale de hockey, le salaire minimum des joueurs des 32 équipes atteint maintenant 750 000$[1].

La Coupe du Monde de soccer qui se déroule actuellement au Qatar met également en lumière les inégalités entre le revenu des hommes et des femmes dans le sport.

Au soccer, on estime que la rémunération moyenne des joueuses professionnelles avoisine les 50 000 $ aux États-Unis, le circuit qui paierait le mieux dans le foot féminin. Or, du côté des hommes, la rémunération moyenne oscille entre 2 et 3 millions de dollars dans les ligues les plus lucratives en Europe. Dans le cas de la Premier League anglaise, où les salaires sont les plus élevés, la rémunération moyenne des joueurs atteint 4 millions de dollars annuellement.

À l’issue de la Coupe du monde du Qatar, l’équipe championne recevra 42 M$ en prix en plus du prestigieux trophée. L’équipe qui perdra la finale recevra pour sa part un prix de consolation de 30 M$. Les autres équipes recevront des prix en argent dont le grand total s’élèvera à près d’un demi-milliard de dollars (440 M$). La FIFA verse cet argent aux équipes qui peuvent ensuite distribuer des bonus à leur convenance au sein de leur formation.

En comparaison, la dernière Coupe du Monde féminine de soccer, disputée en France en 2019, a rapporté 4 M$ à l’équipe championne – celle des États-Unis – et le total des prix versés en argent s’est élevé à 30 M$, soit quinze fois moins que ce qu’auront reçu les équipes masculines cette année. La somme a toutefois été doublée (60M$) en vue de la prochaine Coupe du Monde féminine qui sera organisée conjointement par l’Australie et la Nouvelle-Zélande en 2023.

Un accord intéressant a en outre été conclu aux États-Unis, où les deux équipes nationales se sont entendues sur une sorte de péréquation qui permettra à chaque joueur ou joueuse, qu’il soit un homme ou une femme, de recevoir le même bonus. En effet, il a été résolu que l’argent remporté par les deux équipes nationales lors des Coupes du monde de 2022 et 2023 soit combiné et divisé également entre les deux équipes. L’entente s’est également étendue aux matchs disputés hors du tournoi de la Coupe du Monde alors que chacun des joueurs hommes ou femmes recevra entre 8 000$ et 18 000$ par match (le montant exact étant déterminé par la force de l’adversaire et le résultat du match). Seuls les États-Unis ont pour l’instant adopté une telle formule.

Le plus grand gagnant : la FIFA

Toutes ces sommes sont certes bien peu élevées comparativement aux 4,7 milliards de dollars que rapportera le tournoi à la Fédération internationale de football association (FIFA). Selon la revue Forbes, plus de la moitié (2,6 G$) de cette somme proviendra des droits de diffusion. Le gros chiffre qui circule entourant cette Coupe du Monde est toutefois celui-ci : 200 milliards de dollars. Il s’agit du coût approximatif assumé par le petit État du Qatar pour organiser ce tournoi de foot pharaonique. À titre comparatif, la Coupe du Monde précédente, en 2018, avait coûté à la Russie quinze fois moins.

[1] Tous les montants à partir d’ici sont indiqués en dollars US.

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2 comments

  1. Le sport professionnel n’est qu’un outil servant à détourner l’esprit des peuples de la réalité, permettant ainsi à l’oligarchie ploutocratique de nous asservir tous.

    J’en déduit logiquement que les salaires des joueurs professionnels devraient être réduits à un niveau au moins 10 fois inférieur à ce qu’il est pour réduire l’influence du vedettariat sur tous les individus du monde entier.

    Ça laisserait plus de temps pour penser aux vrais problèmes!

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