C’est pour quand le transport en commun?
4 février 2016
On le sait, le gouvernement du Québec souhaite diminuer de 37,5 % ses émanations de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2035. Or, pour le moment, aucune réelle action concrète n’a été annoncée, outre un timide soutien à la voiture électrique. Si le gouvernement était le moindrement sérieux dans sa démarche, il investirait dans le transport en commun. Cette décision serait non seulement intéressante d’un point de vue écologique, mais aurait surtout un impact positif sur l’économie du Québec.
Les Québécois dopés à la voiture
Le parc automobile du Québec dépasse déjà les 4,7 millions de véhicules (p.150) et connaît une croissance annuelle de 1,9 % annuellement alors que la population en âge de conduire augmente quant à elle de 1,1 % (p.2). Cela a un effet grandissant sur l’émanation de GES sur le territoire, le transport routier étant la source la plus importante de GES au Québec. De plus, l’automobile est le 2e poste de dépenses des Québécois. Cela a un effet dévastateur sur notre balance commerciale comme le montre le graphique suivant.
En effet, en 2013, les importations d’automobiles, de camions et de pétrole représentaient près de 27 G$ alors que nous avions un déficit global de 23 G$. Bref, la dépendance au char fait mal à notre économie et à notre environnement.
La raison de cette situation est fort simple : nous n’assemblons plus de voiture sur le territoire depuis 2002. Cependant, le Québec a une industrie de fabrication de train et d’autobus florissante, dont au moins trois joueurs majeurs appartiennent au top 500 des employeurs au Québec. Ceux-ci exportent des trains, des tramways et des autobus à travers la planète. Ainsi, dans le contexte industriel québécois, se tourner vers le transport en commun est bien plus bénéfique que de favoriser l’automobile électrique. Celle-ci en plus d’être, pour le moment, inaccessible monétairement pour le commun des mortels est construite hors du territoire et nécessite d’importantes sources de lithium, une matière première non renouvelable et polluante. Ce qui ne règlera pas la part du lion de nos problèmes de GES en transport.
Nous pouvons calculer les effets économiques et environnementaux d’un investissement de 9 G$ sur 10 ans dans la filière de la fabrication de train et d’autobus. Si ce montant peut paraitre élevé, il est en fait plutôt raisonnable : il représente 10 % du Plan en infrastructure 2014-2034 du Québec, soit rien de faramineux pour une politique d’industrielle à long terme. Rappelons que les coûts d’entretien des infrastructures vouées au transport des véhicules légers dépassent 8 G$ annuellement (p.17). Bref, ce 9 G$ sur 10 ans permettrait de créer 40 000 emplois dans le secteur manufacturier du Québec. Notons d’ailleurs que ces emplois sont répartis hors des grands centres urbains du Québec, ce qui aurait un effet sur le développement régional. D’autre part, une telle mesure permettra de hausser le PIB de 4,14G$ tout en ayant un effet positif sur la balance commerciale de 29G$. Le tout en atteignant 8,5 % de nos cibles environnementales de 2035. Sachant qu’en moyenne, sur les dépenses personnelles le prix du transport en commun est 2 fois moins cher par km parcouru que l’automobile, c’est une situation gagnante sur tous les tableaux.
Bien sûr, pour que ce type d’investissement soit intéressant, il faut que le service de transport en commun qui est offert soit accessible, confortable et agréable pour les usagers. Ce qui n’est pas le cas pour le moment, en ce sens que les investissements doivent se faire de manière concertée et intelligente dans une politique globale de transport. C’est pourquoi il faut faire du transport en commun un véritable enjeu de politique économique et industrielle plutôt que d’espérer atteindre les objectifs environnementaux en saupoudrant des subventions aux acheteurs de voiture électrique sur le territoire.
Pour plus de détails, vous pouvez consulter notre note socio-économique à l’adresse suivante : https://iris-recherche.qc.ca/publications/transport-collectif