Icône

Aidez-nous à poursuivre notre travail de recherche indépendant

Devenez membre

Stratégie énergétique 2015-2025 du Québec : levier économique ou environnemental?

5 juillet 2013

  • Bertrand Schepper

Ce jeudi, le gouvernement québécois annonçait une  tournée provinciale pour déterminer les suites de sa stratégie énergétique pour la période de 2015 à 2025.  Ces consultations seront présidées par Roger Lanoue, ancien vice-président d’Hydro-Québec et Normad Mousseau, professeur universitaire et auteur de plusieurs livres notamment : Au bout du pétrole, tout ce que vous devez savoir sur la crise énergétique et La révolution des gaz de schiste. Elles ont pour but définir la volonté gouvernementale dans la gestion des ressources énergétiques du territoire. Le mandat officiel est disponible ici.

Notons qu’à son instauration en 2006 la stratégie énergétique du Québec avait les lignes directrices suivantes :

  • Renforcer l’approvisionnement énergétique
  • Utiliser l’énergie comme un levier économique
  • Permettre aux régions de prendre plus de place dans la gestion de l’énergie
  • Consommer efficacement l’énergie
  • Devenir une référence en développement durable
  • Déterminer le prix de l’électricité de manière conforme à la ressource

La lecture de ces objectifs confirme le dilemme québécois au niveau énergétique. D’une part, le gouvernement tente de se montrer responsable environnementalement en recherchant la diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 25% sous le niveau de 1990 tout en réduisant la consommation de carburant de 30 % d’ici 2020. Cette volonté de ménager la chèvre et le chou apparaît comme impossible. Puisque le développement d’une industrie pétrolière, sur l’Île d’Anticosti par exemple, augmenterait les émanations de GES de manière exponentielle.

En fait, ces deux objectifs semblent déjà irréconciliables, voire impossibles à atteindre à moyen ou long terme. Du côté économique, les surplus contractés par Hydro-Québec risquent de coûter plus de 500 M$ annuellement à la clientèle, s’ils ne sont pas récupérés. Notons de plus que les contrats secrets d’Hydro-Québec aux corporations n’ont pas permis d’assurer la croissance économique des alumineries ou même d’Hydro-Québec. De l’autre côté, les émissions de GES (lors de la dernière évaluation) étaient en baisse de 2,5 % ( p.9) depuis 1990. Par ailleurs, la plus grande source d’émissions, le transport, a connu une hausse de plus de 29 %. Nous sommes donc bien loin des objectifs recherchés pour 2020.

Il semble donc étonnant comme l’ont souligné plusieurs acteurs de la société civile que  le gouvernement du Québec ouvre la porte à la fracturation pour le développement du pétrole de schiste et voit d’un bon œil l’importation de pétrole des sables bitumineux via l’inversion du pipeline 9b d’Endbridge.

La création d’une nouvelle stratégie énergétique du Québec pose un problème essentiel pour l’avenir : comment maintenir la diminution des émanations polluantes tout en stimulant l’économie québécoise? Il parait évident qu’en favorisant l’industrie des hydrocarbures, il est impossible de maintenir le cap sur les objectifs énoncés en 2006. Devant ce constat, le gouvernement doit choisir entre favoriser le développement des hydrocarbures au Québec et diminuer l’émission des GES.

Selon nous, la meilleure manière d’utiliser l’énergie comme levier économique est plutôt d’investir dans des secteurs d’avenir tels que l’efficacité énergétique,  la biomasse, l’énergie solaire ou la géothermie. Ces secteurs encore peu développés sont plus à même de répondre aux objectifs stratégiques et énergétiques du Québec sur un horizon à moyen terme que ne le sont les pratiques datant du siècle dernier de l’industrie pétrolière. Souhaitons que les deux coprésidents de la Commission sur les enjeux énergétiques proposent une réelle transition énergétique qui mettra en doute la recherche de croissance effrénée via des ressources polluantes sur le territoire québécois.

Icône

Restez au fait
des analyses de l’IRIS

Inscrivez-vous à notre infolettre

Abonnez-vous