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Élections : ce dont on ne parlera pas

23 février 2014


Philippe Couillard a raison, le dépôt du budget d’hier annonce le début de la campagne électorale. Le Parti québécois voit une possibilité d’aller chercher une majorité, il va tenter sa chance. Une campagne électorale est, en théorie, l’occasion de discuter de ce que nous voulons comme société. Voyons quelques enjeux importants qui ont de bonnes chances d’être malheureusement mis de côté lors des prochaines semaines.

D’abord, la question centrale de notre siècle, l’environnement, risque d’être laissée de côté. Bien sûr, on parlera de ressources naturelles, plus particulièrement du pétrole à Anticosti. On parlera de rapport entre les risques d’exploitation et les revenus pour le Québec, ce qui revient à déguiser une discussion sur l’économie en discussion sur l’environnement.

Le problème du réchauffement climatique est global, notre mode de vie voire notre compréhension même du monde en est grandement responsable. Comment peut-on émettre beaucoup moins d’émissions de gaz à effet de serre? Faut-il espérer que la technologie nous sauve sans rien changer dans nos vies? Faut-il parier sur les voitures électriques et la transformation des habitudes individuelles? Faut-il transformer de fond en comble le réseau de transport du Québec pour opter pour des transports collectifs écologiques? Ces trois positions ont des conséquences diamétralement opposées : où choisirons-nous d’aller? Voilà un débat de fond qui n’aura pas lieu dans les semaines à venir.

Ensuite, il faudra bien parler retraite et, n’en déplaise à M. Labeaume, pas seulement des retraites de ceux et celles qui travaillent pour lui. Le problème du financement de la retraite est au cœur de notre avenir. Le vrai problème du vieillissement de la population se situe plutôt là que dans les ratios vieux/jeunes qu’on nous présente sans cesse. D’ailleurs, les représentations catastrophiques du « choc démographique » québécois passent le plus souvent sous silence le fait que nos « vieux » sont plus en santé – tant physique qu’économique – que ceux qui les ont précédés.

Or, la façon dont nous avons bâti notre système de retraite au Québec pose d’importants problèmes. Nous avons construit un régime public (le RRQ) qui s’ajoute à des régimes d’employeurs présumés généreux. Malheureusement, tout le monde ne bénéficie pas de tels régimes et rien ne nous indique que cette situation s’améliorera d’ici peu. Une proposition d’élargir le RRQ circule depuis un moment, portée par le mouvement syndical et le mouvement des femmes. Dans un sondage récent on apprenait que la plupart des employeurs y sont favorables, même si leurs représentants y sont farouchement opposés. Il est temps de faire un débat sur cette question, elle nous permettrait d’ailleurs de régler une partie des problèmes de M. Labeaume.

On oubliera plein d’autres choses encore : les primes trop basses de l’aide sociale, les dépenses insensées que nous faisons en médicaments, les subventions trop généreuses que nous versons au secteur privé, etc. Cela dit, déjà si on pouvait s’occuper de front de la question du changement climatique et de celle des retraites, on aurait déjà beaucoup avancé.

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