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Endettement : mieux vaut commencer jeune

30 janvier 2012

  • Philippe Hurteau

Aller à l’université, avant d’être synonyme d’acquisition de connaissances ou d’expériences humaines, c’est d’abord faire l’expérience de l’endettement. Si traditionnellement les gens s’endettaient pour s’acheter une voiture ou une maison, les jeunes d’aujourd’hui ont la chance de vivre cette expérience  « enrichissantes » dès les bancs d’école.

En ce sens, l’endettement étudiant est aujourd’hui un fardeau qui pèse lourd sur les choix de vie des étudiant-es du Québec. Selon les données de l’Aide financière aux études, les étudiant-es du réseau collégial doivent encaisser un niveau d’endettement moyen s’élevant à 6 923 $, tandis que leur collègue universitaires subissent un niveau d’endettement moyen se situant à 12 029 $. De plus, on constate que cette situation précarisant la vie étudiante est plus lourde à porter à mesure que les étudiant-es gagnent en âge.

Endettement moyen des étudiant-es universitaires selon le groupe d’âge

17-19 ans 5 208 $
20-24 ans 10 359 $
25-29 ans 15 006 $
30-34 ans 15 574 $
35 ans et plus 15 634 $

Le plan d’augmentation des droits de scolarité présenté par le gouvernement québécois en mars dernier aura comme conséquence d’alourdir ce fardeau qui, à mesure qu’il s’alourdit, en décourage plusieurs de poursuivre leurs études. Rappelons qu’entre 2007 et 2017, les droits de scolarité augmenteront de plus de 140 % au Québec. Couplé aux hausses du coût de la vie et à la stagnation des salaires, il n’est pas étonnant de voir de plus en plus d’étudiant-es faire comme leurs parents en ayant davantage recours à l’endettement comme moyen de subsistance.

En se proposant de rejoindre la moyenne canadienne des frais de scolarité, le gouvernement du Québec oublie de souligner que cette mesure nous fera rejoindre la moyenne canadienne de l’endettement étudiant. Or, la dette étudiante canadienne dépasse les 18 000$.

Toutefois, cette situation ne fait pas que des malheureux. Les institutions financières québécoises voient plutôt d’un bon œil cette initiation de la jeunesse aux vertus de l’endettement – et surtout aux vertus des paiements. Comme le révélait une étude de l’IRIS publiée en 2009, entre 1989 et 2008, c’est 1,4 milliard de dollars que les étudiant-es et le gouvernement québécois ont versé en paiements d’intérêts sur les prêts d’études. Ces prêts étant garantis par l’État, les institutions financières ne courent aucun risque de défaut de paiement. Il s’agit donc d’un transfert direct de l’argent des étudiant-es et du gouvernement dans les coffres des banques.

On comprend mieux maintenant pourquoi le monde des finances travaille fort à convaincre la population que la hausse des droits de scolarité est une bonne idée. Pour chaque hausse des droits, suivra immanquablement une hausse des dettes étudiantes et ce pour le plus grand bonheur de la relève québécoise et de leurs banquiers.

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