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Comment mettre en œuvre la transition juste au Canada? En en faisant davantage

4 mars 2022

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3min

  • NV
    Nicolas Viens

La semaine dernière, l’Institut Parkland a tenu une conférence sur le sujet de la transition juste regroupant chercheur·e·s, universitaires, syndicats, activistes climatiques, ainsi que quelques politicien·e·s et décideur·e·s. Parmi les leçons importantes de la conférence : le Canada doit en faire beaucoup plus afin de créer une économie faible en carbone et plus équitable pour tous et toutes.

Selon Hadrian Mertins-Kirkwood, du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), la majorité des mesures de transition existantes au Canada sont des politiques réactives. Par exemple, les programmes d’aide financière ou de formation destinés aux travailleurs et aux travailleuses d’industries polluantes ayant perdu leur emploi, comme ceux visant le secteur de l’extraction du charbon, minimisent les conséquences du déclin des énergies fossiles. En revanche, ils ne mènent pas nécessairement à la création d’« emplois verts » et ne permettent pas à ces gens d’accéder à de nouvelles opportunités professionnelles. Le chercheur a également démontré que ce sont surtout les travailleurs masculins blancs qui bénéficient le plus de ces mesures au Canada, ce qui risque d’exacerber les inégalités au pays.

Pour combler ces failles, plusieurs panélistes ont présenté des exemples de politiques proactives facilitant la transition ailleurs dans le monde. Jim Skea, professeur à la Faculté de sciences naturelles et au Centre de politique environnementale de l’Imperial College London, au Royaume-Uni, a fait part des dernières initiatives de transition juste en Écosse. Depuis 2019, le gouvernement de ce pays a lancé une Commission de la transition juste constituée de plusieurs syndicats, organismes non gouvernementaux, universitaires, et quelques grandes entreprises écossaises, ainsi qu’une assemblée du climat ouverte à tout·e Écossais·e. Ces deux instances ont soumis une liste exhaustive de recommandations et d’objectifs au gouvernement, allant du déclin graduel de l’industrie des énergies fossiles et la réaffectation de ses infrastructures à la redistribution de bénéfices à travers différentes communautés. Le gouvernement a accepté la totalité de ces propositions et a nommé un ministre de la transition juste, de l’emploi et du travail équitable en 2021 afin de les mettre en œuvre. 

Bien entendu, il n’est pas seulement question de copier ce que font d’autres pays. Brian Motherway, de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), a rappelé qu’en dépit de toutes les mesures climatiques et de transition adoptées à l’échelle de la planète, l’objectif de créer une économie décarbonisée d’ici 2050 semble difficilement atteignable. Conséquemment, des changements encore plus drastiques doivent être apportés au modèle économique actuel. 

Le Canada doit ainsi en faire davantage pour minimiser les effets négatifs potentiels de la transition vers une économie décarbonisée, en s’assurant notamment  que personne ne soit exclu de ces mesures. Plusieurs panélistes ont d’ailleurs réitéré l’importance de considérer et d’inclure les communautés autochtones dans la transition. En somme, comme l’ont montré les intervenant·e·s tout au long de la conférence, les exemples de politiques efficaces pour la transition juste sont nombreux à travers le monde et les adopter ici ne tient que de la volonté politique. 

Certes, les gouvernements ont dû concentrer leurs efforts sur la lutte contre la pandémie de COVID-19 depuis deux ans et faire face à l’opposition d’une frange non négligeable de la population. La panéliste Catherine Abreu, directrice générale de l’organisation Destination Zéro, a vu dans l’occupation récente du centre-ville d’Ottawa un exemple de la division sociale causée par la pandémie et les mesures sanitaires mises en place par les gouvernements fédéral et provinciaux. Cette situation ne doit cependant pas nous faire perdre de vue la crise climatique et le fait que, faute d’actions concrètes et majeures en faveur d’une transition juste, celle-ci ne fera que s’approfondir.

Pour plus d’information sur les différents panélistes ayant participé à la conférence : Implementing a Just Transition – Parkland Institute

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1 comment

  1. Quand 80% de l’énergie consommée provient du pétrole, du charbon et du gaz, il est simplement impensable de croire un instant qu’on peut corriger la situation sans réduire drastiquement notre soif d’énergie.

    Par ailleurs, à cause de la titanesque inertie de la biosphère, ce que l’on fait aujourd’hui ne portera de fruits que dans 20 ans, voire plus. Nous allons donc voir l’environnement se détériorer pendant les 20 prochaines années sans pouvoir y échapper.

    Si l’équité est de mise, cela signifie que les riches devront payer pour les dégâts qu’ils ont causé en se bâtissant des fortune aussi énormes qu’indécentes. Or, ce sont les riches qui décident.

    Conclusion: On a perdu avant de commencer!

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