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Budget fédéral : coupures improductives et attaque des retraites

29 mars 2012


Le premier budget sous un gouvernement conservateur majoritaire a été déposé aujourd’hui à Ottawa. Comme prévu, sous prétexte de résorber rapidement le déficit, le budget procède à des coupures majeures dans les programmes du gouvernement. Au terme des trois prochains exercices, le total des montants coupés surpassera 5G$, ce qui correspond à 1,9% des dépenses de programmes.

L’ampleur des coupures varie d’un programme à l’autre. Pour Radio-Canada, l’ACDI ou l’ONF, les coupures sont de l’ordre de 10%, ce qui aura un impact profond dans ces organismes en termes de personnel et de ressources. Mais l’ensemble des coupures sont plus questionnables encore lorsque mises en perspectives avec les sommes dont se prive l’État en revenus fiscaux.

En effet, le gouvernement conservateur n’a pas renoué, et n’a aucune intention de renouer, avec le niveau de revenu qui prévalait avant la récession. Comme le montre le graphique 6.5, le ratio des revenus au PIB a chuté et ne se relèvera plus.

Un calcul rapide nous permet d’estimer que l’État se prive de 30G$ en ne rattrapant pas le niveau de revenu d’avant la récession.  Comme le déficit à résorber est de l’ordre de 25G$, ce retour à la normale aurait été largement préférable pour préserver l’accès et la qualité des services publics.

Même si en chiffre absolu la coupure de plus d’un milliard dans les dépenses militaires apparaît comme la plus imposante et rompt avant l’irrépressible inflation de ce poste budgétaire dans les dernières années, elle représente un pourcentage de réduction plus faible que la plupart des autres coupures.

Le budget 2012-2013 du ministre des Finances Jim Flaherty passera aussi à l’histoire comme celui où l’on aura repoussé de 65 à 67 l’âge de la retraite au Canada. En effet, les personnes nées au Canada après 1962 ne prendront plus leur retraite à 65 ans puisqu’ils ne seront admissibles au programme de sécurité de la vieillesse (SV) et au supplément au revenu garanti (SRG) qu’à partir de 67 ans.

Cette  mesure est un recul social important et des politiques similaires ont été très mal reçues par les populations d’autres pays. Le Québec était parvenu dans le budget de l’an dernier à moduler en douce le niveau du RRQ afin de pénaliser la prise de la retraite avant 65 ans. La mesure du budget fédéral est beaucoup plus dure puisque seul des travailleurs aisés et en santé pourront l’encaisser aisément. Les autres, ceux et celles dont le travail est éreintant, ceux et celles qu’on ne veut plus embaucher, ou qui sont pauvres et malades, connaîtront la misère. Certains analystes ont déjà calculé qu’une telle mesure ferait croître rapidement le nombre d’aînés qui vivent sous le seuil de pauvreté.

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