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Les suggestions de l’IRIS pour les Fêtes

10 Décembre 2024


L’IRIS vous propose comme chaque année des suggestions de lecture et d’écoute pour occuper votre temps des Fêtes et nourrir la réflexion sur l’état du Québec et de la planète. Voici la liste non exhaustive des livres, revues et balados qui ont retenu notre attention dans les derniers mois!

Des suggestions pour les grands

La pause du temps des Fêtes est le moment idéal pour réfléchir à la surcharge (de travail, militante, mentale, etc.) qui pèse sur nos vies et nos esprits dans une société qui valorise la surperformance, y compris dans les milieux où les valeurs dominantes sont pourtant remises en question. L’essai Libérer la paresse, une collection de textes dirigée par Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy, permet de nous plonger avec douceur et bienveillance dans cette réflexion essentielle.

Toutefois, tout le monde ne pourra pas profiter de vacances pourtant bien méritées, comme nous le rappelle Simon Paré-Poupart dans son percutant essai Ordures! Au contraire, en cette période de l’année marquée par la surconsommation et le gaspillage, nos poubelles seront pleines, et le ramassage des déchets sera comme le reste de l’année effectué par des personnes qui, malgré le travail essentiel qu’elles effectuent, sont généralement invisibilisées et méprisées. Dans son journal d’un vidangeur, Paré-Poupart nous propose d’aller à leur rencontre dans un récit qui se dévore encore mieux qu’une dinde de Noël.

Alors que certains chroniqueurs et politiciens présentent l’immigration comme la cause principale de tous les maux qui affectent le Québec, Maïka Sondarjee aborde ce phénomène sous un angle humain dans son livre Tu viens d’où ?. Pour répondre à cette question, elle explore l’identité et l’appartenance au-delà des catégories statiques, des cadres rigides et des frontières.

Une remarquable bande dessinée parue l’été dernier, La machine à détruire : Pourquoi il faut en finir avec la finance, promet de s’ajouter aux classiques de la vulgarisation économique. Elle raconte le parcours de l’auteure, Aline Fares, qui a passé dix ans au service de la banque franco-belge Dexia avant de démissionner afin « de ne plus donner son énergie au système financier ». Illustrée par Jérémy Van Houtte, la bande dessinée s’évertue à démystifier l’ensemble du système financier contemporain en expliquant le fonctionnement du système bancaire, de la création monétaire, les causes et conséquences du sauvetage des banques en 2008-2009, mais aussi, et surtout, la financiarisation débridée de l’ensemble de l’économie et des conséquences de celle-ci sur les retraites, l’agriculture, le logement, l’environnement, le travail, etc.

Comment repenser notre rapport à la nature à l’ère des changements climatiques? Le balado Future Ecologies, animé par deux personnes de la côte ouest du continent, répond à cette question de mille manières en s’intéressant à la gestion écologique des feux de forêt, à la restauration environnementale, à la décolonisation des relations avec les peuples autochtones et aux répercussions sociales des projets hydroélectriques, entre autres choses.

L’essai Maquillée de Daphné B. combine la réflexion personnelle et la poésie avec une analyse complexe et nuancée de l’industrie de la beauté. Elle traite avec finesse de la place de cette industrie dans l’économie numérique et dans le capitalisme contemporain, des rôles de genre qui y sont associés et de ses conséquences sociales et environnementales. La figure d’Elon Musk hante des passages de l’essai. Alors que ce milliardaire mégalomane sera aux commandes du nouveau Department of Government Efficiency (« Doge » ou « Département de l’efficacité gouvernementale ») américain, replonger dans ce livre paru en 2020 peut aider à comprendre l’atmosphère politique actuelle.

Dans Toronto jamais bleue, l’autrice Marie-Hélène Larochelle suit le quotidien d’une jeune itinérante de Toronto. On y découvre des personnages féminins forts tentant de survivre entre prostitution et marginalité citoyenne, puis rêvant de bord de mer dans une ville indifférente à leur sort. Le roman s’est valu le prix littéraire Janette-Bertrand. Remis pour la première fois cette année, il vise à mettre en lumière des œuvres qui promeuvent l’égalité des sexes, l’autonomie des femmes et qui soutiennent la lutte contre les violences de genre. Étaient aussi en nomination pour ce prix : Porter plainte, de Léa Clermont-Dion, Ça aurait pu être un film, de Martine Delvaux, Les Disgracieuses, de Claudia Larochelle et Autoportrait d’une autre, d’Élise Turcotte.

Les revues culturelles, qui sont foisonnantes au Québec, proposent de riches regards sur la société à travers une multiplicité d’approches qui ont en commun de prendre un pas de recul face à une actualité qui évolue à une vitesse étourdissante. Depuis 1959, la revue Liberté aborde toutes les questions sociales et écologiques qui préoccupent l’IRIS avec un angle littéraire qui en fait la marque. La revue est bonifiée du travail d’illustrateurs et d’illustratrices qui traduisent à leur manière les réalités caractéristiques de l’époque. Le plus récent numéro porte sur le papier, un thème qui résonne fort alors que les médias écrits sont dans une situation précaire et, aussi, que le personnel de Postes Canada (qui livre les revues!) fait la grève pour protéger ses conditions de travail.

La revue À bâbord, dans laquelle notre équipe de recherche tient une chronique semi-annuelle depuis 2022, paraît comme Liberté 4 fois par année et offre des textes d’analyse critique sur une foule de phénomènes sociaux et politiques contemporains afin d’outiller les mouvements sociaux dans leurs luttes. Le numéro de l’automne est consacré à l’extractivisme. S’abonner est sans contredit la meilleure manière de soutenir le travail des artisan·e·s de ces revues!

La lenteur et les refus répétés auxquels se butent les démarches d’accès à l’information auprès d’institutions publiques minent le débat public. Avec le balado fouillé In the Dark, le magazine américain The New Yorker s’est attaqué à l’institution la plus puissante au monde: l’armée des États-Unis, qui refusait de dévoiler des documents relatifs à un massacre perpétré par des soldats américains en 2005 en Irak. Le balado retrace la fabrique de l’impunité des soldats américains dans le dossier des meurtres de 24 civils irakiens, et fait malheureusement écho à l’époque actuelle où le génocide des Palestinien·ne·s à Gaza rappelle que les décès ne sont pas tous égaux.

Et pour les plus petits!

L’illustratrice et autrice Élise Gravel a été très active sur les réseaux sociaux pour dénoncer le génocide des Palestinien·ne·s à Gaza. À l’aide de ses dessins enfantins, elle ramène un peu d’humanité, de bienveillance et de nuances dans le débat. Au-delà de ses prises de positions sur Facebook et Instagram, il vaut également la peine de se procurer certains de ses livres, notamment C’est quoi un réfugié? et Alerte: Culottes meurtrières. Le premier permet d’ouvrir le dialogue avec les enfants sur la réalité parfois difficile des gens qui ont quitté leur pays pour s’établir ici tandis que le deuxième se veut une introduction aux fausses nouvelles et à la réflexion critique.

L’autrice, sociologue et professeure de cégep Caroline Dawson, décédée en mai dernier, nous a laissé un héritage fort, que ce soit grâce à son roman marquant Là où je me terre ou à travers ses prises de position sensibles et éloquentes dans les médias. Sa personnalité rayonnante explique sans doute qu’un prix littéraire et une bourse d’études à son nom ont été créés cette année. En 2024, elle a également publié un livre pour enfant, Partir de loin, qui raconte une version simplifiée et toute en légèreté de son arrivée et de son intégration au Québec.

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