Communiqué | Inégalités : couvrir les besoins de base des plus pauvres ne demanderait aucune baisse de revenu pour le reste de la population
4 novembre 2020
Montréal, le 4 novembre 2020 – En répartissant mieux la richesse créée, le Québec aurait pu en 2016 et en 2017 couvrir les besoins de base des personnes les plus pauvres, tout en permettant au reste de la population d’augmenter elle aussi son niveau de vie. Malheureusement, d’autres décisions politiques et fiscales ont été prises et il reste encore 750 000 personnes qui n’arrivent pas à atteindre le seuil de la Mesure du panier de consommation (MPC), révèle une fiche rendue publique aujourd’hui par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques.
Au Québec, 200 000 personnes de plus couvraient leurs besoins de base en 2017 qu’en 2012. L’amélioration de la situation des ménages pauvres s’est concentrée du côté du deuxième décile, laissant presque inchangée la situation du 10 % le plus pauvre des ménages. « Sans surprise, ce sont les ménages qui étaient le plus proches du seuil de la MPC qui ont pu le franchir. C’est très préoccupant pour les personnes les plus pauvres de notre société, dont le niveau de vie n’a presque pas changé », indique Simon Tremblay-Pepin, économiste et auteur de la fiche. En effet, le déficit de couverture par rapport à la MPC a diminué de 51 % pour le deuxième décile des ménages, alors que celui du premier décile a baissé de seulement 5,9 %.
Couvrir les besoins de base en un an
« La pauvreté, c’est un choix de société », analyse M. Tremblay-Pepin. « En 2016 et en 2017, on aurait pu choisir de couvrir les besoins de base de l’ensemble de la population si la croissance économique avait été mieux distribuée. Et les revenus des personnes qui les couvrent déjà auraient quand même augmenté substantiellement. Mais les décisions politiques et fiscales des gouvernements qui se succèdent à Québec vont dans le sens contraire. » Le rapport entre l’indice panier des deux premiers déciles et celui du dixième décile reste précisément le même. Bien que tous les déciles aient accès à une meilleure capacité de consommation en 2017 qu’en 2012, l’augmentation se concentre chez les plus riches.
Tableau – Paniers de la MPC disponibles en moyenne par décile des ménages et ratio comparé de l’indice panier du décile le plus riche, Québec, 2012 et 2017
Paniers MPC disponibles | Multiplicateur pour atteindre l’indice panier du décile 10 | |||
2012 |
2017 |
2012 |
2017 |
|
Ensemble |
2,1 |
2,2 |
2,2 |
2,2 |
Décile 1 |
0,5 |
0,6 |
9,0 |
9,0 |
Décile 2 |
1,1 |
1,1 |
4,3 |
4,3 |
Décile 3 |
1,4 |
1,4 |
3,4 |
3,5 |
Décile 4 |
1,7 |
1,7 |
2,8 |
2,9 |
Décile 5 |
1,8 |
2,0 |
2,5 |
2,4 |
Décile 6 |
2,0 |
2,2 |
2,3 |
2,2 |
Décile 7 |
2,2 |
2,5 |
2,0 |
2,0 |
Décile 8 |
2,5 |
2,8 |
1,8 |
1,8 |
Décile 9 |
2,9 |
3,2 |
1,5 |
1,5 |
Décile 10 |
4,5 |
4,9 |
1,0 |
1,0 |
Et les plus riches?
Simon Tremblay-Pepin conclut qu’« il est tout simplement inacceptable de laisser près de 10 % de la population du Québec vivre sous le seuil de la MPC. Pour ces gens-là, on accepte collectivement qu’ils doivent choisir entre se nourrir ou avoir un toit, par exemple. On est bien loin des préoccupations des plus riches, et même de la classe moyenne. » Alors que le 10 % le plus pauvre n’avait à sa disposition que l’équivalent d’un demi-panier de biens de consommation essentiels pour vivre, le 10 % le plus riche en cumulait presque cinq. Il y a 127 G$ de revenu en 2017 qui sont en surplus de la couverture des besoins de base et 35 % de ces revenus vont au 10 % le plus riche. Il aurait suffi de transférer 3,9 G$ aux plus pauvres pour combler leurs besoins de base.
À propos de la mesure du panier de consommation (MPC)
La MPC est fondée sur un panier de biens et services calculé par Statistique Canada pour représenter « un niveau de vie de base modeste au Canada ». L’ensemble des biens et services composant ce panier varie de région en région et selon la taille du ménage.
À propos de l’IRIS
Depuis 20 ans, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques analyse les politiques publiques et l’économie du Québec. À but non lucratif et indépendant, l’Institut produit et diffuse des recherches sur les grands enjeux de l’heure, tels que la crise climatique et environnementale, la marchandisation de l’éducation ou de la santé et la croissance des inégalités.
Pour lire la fiche Y a-t-il eu une réduction de pauvreté et des inégalités au Québec entre 2012 et 2017 ?, cliquez ici.
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Source :
Laurent Deslauriers
Responsable des communications
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