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Réduire l’immigration : une solution en quête d’un problème, selon l’IRIS

13 mars 2019


Montréal, le 13 mars 2019 – Le Québec doit-il accueillir moins de personnes immigrantes ? Pour l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), la réponse est non. Dans une fiche technique rendue publique aujourd’hui, l’Institut démontre que rien ne justifie la réduction de la cible d’immigration de 50 000 par année à 40 000 comme le souhaite le gouvernement de la CAQ.

Tous les indicateurs compilés par l’IRIS indiquent une amélioration du sort des personnes immigrantes au Québec. Leur taux d’emploi est en hausse constante depuis 2009, y compris chez celles et ceux récemment arrivés, dépassant même celui de l’Ontario l’an dernier. Par conséquent, le taux de chômage a connu une baisse considérable en 2018 pour atteindre 6,7 % contre 4 % pour les personnes nées au pays. Le taux de scolarisation des néo-Québécois·es est également plus élevé que celui des non-immigrants et ils sont de plus en plus nombreux à maîtriser le français avant leur arrivée. Ils sont par ailleurs nombreux à demeurer au Québec, plutôt que de quitter pour une autre province.

Toutefois, des obstacles importants demeurent sur le chemin de l’intégration des personnes immigrantes, dont l’enjeu de la reconnaissance des diplômes et celui, bien documenté, de la discrimination à l’embauche. Pourtant, le gouvernement Legault n’a pas indiqué son intention de s’y attaquer. « La réduction du nombre de personnes immigrantes n’aura aucun impact sur ces obstacles, indique Julia Posca, chercheure à l’IRIS. Elle risque même de les aggraver. Dans un rapport récent, l’OCDE a montré que les pays qui accueillent le plus d’immigrants sont aussi ceux où la situation de ces derniers est la meilleure par rapport à la population native. »

Par ailleurs, l’IRIS s’inquiète des effets du projet de loi 9, visant à accroître la prospérité socio-économique du Québec et à répondre adéquatement aux besoins du marché du travail par une intégration réussie des personnes immigrantes. Comme son titre l’indique, ce projet de loi ne considère l’immigration que sous l’angle économique. « Cette vision strictement utilitariste de l’immigration nous fait craindre qu’en cas de récession, les personnes immigrantes soient perçues comme un fardeau plutôt qu’un bénéfice », s’inquiète la chercheure. 

L’IRIS propose par conséquent de diversifier les critères motivant le choix des personnes immigrantes et de maintenir la cible de 50 000 immigrants par année, autant pour des raisons humaines qu’économiques. « Contrairement à ce qu’avance le gouvernement, le Québec fait déjà bien en matière d’immigration. Donnons-nous les moyens de faire mieux en s’attaquant aux vrais problèmes », de conclure Julia Posca.

Cliquez ici pour lire la fiche technique.