Dette fédérale : les partis en campagne n’ont pas à s’inquiéter
3 octobre 2019
Montréal, le 3 octobre 2019 – La dette devrait-elle inquiéter le prochain gouvernement ? Non, les partis actuellement en campagne électorale peuvent mettre de l’avant des projets ambitieux sans craindre une crise de la dette. C’est la conclusion à laquelle arrive l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dans une note socioéconomique qui analyse le niveau d’endettement du Canada et les risques de crise de la dette.
Depuis 2010, la dette du Canada oscille entre 31 et 33 % de son PIB. « Bien qu’on cite souvent l’Allemagne en exemple, c’est le Canada qui a la dette la plus avantageuse de tous les pays du G7, souligne Mathieu Dufour, chercheur à l’Institut. Même si le gouvernement accumulait des déficits totalisant 150 G$ au cours des 5 prochaines années, soit 5 fois le plus gros déficit du gouvernement Trudeau, la dette aurait le même poids dans l’économie. »
Dette du Canada (en % du PIB), 1983-1984 à 2017-2018
Engager ces nouvelles dépenses publiques aurait plutôt comme effet de stimuler l’économie, augmentant ainsi le ratio dette/PIB de seulement 1 %. « On ne propose pas nécessairement de dépenser plus, on dit simplement qu’il y a de la marge pour le faire, explique le chercheur associé Alexandre Bégin. Le déficit zéro ou pire, la diminution de la dette sont des choix politiques qui pourraient être contre-productifs et miner la vitalité économique du pays. On pourrait par exemple investir massivement dans la transition écologique pour limiter notre dette environnementale, qui à l’heure actuelle est beaucoup plus inquiétante. »
Dette : quelle différence entre un État et une famille ?
Le Canada doit 97 % de sa dette en dollars canadiens. Puisqu’il a le plein contrôle de sa politique monétaire, dont la possibilité d’imprimer cette devise, il ne pourra jamais faire faillite. Chercheuse à l’IRIS, Julia Posca rappelle que « nous ne pouvons pas nous retrouver dans la même situation que la Grèce, dont la dette publique était libellée en euros, devise qu’elle ne contrôle pas. » À l’opposé d’un État, une famille doit effectuer des versements avec un horizon de remboursement donné. « Si je ne fais pas les paiements sur ma voiture ou mon hypothèque comme entendu avec ma banque, à terme, je risque la faillite. Ça ne fonctionne pas du tout comme ça pour un pays comme le Canada, qui n’a pas de paiement mensuel à faire », conclut Mme Posca.
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