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La prévention du suicide doit être un enjeu électoral

13 septembre 2018

  • Bertrand Schepper

Ce Lundi se déroulait la journée internationale de la prévention du suicide. Cette 16e édition se déroulant en pleine campagne électorale, certains organismes, comme l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), en ont profité pour interpeller les différents partis politiques sur la question.

Quelques données

Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le taux de suicide au Québec est passé de 22,2 par 100 000 habitants en 1999 à 13,2 en 2015.  Comme le montre le graphique plus bas, cette tendance semble être constante depuis le début des années 2000.

Taux ajusté de suicide, selon le sexe, par 100 000 habitants pour ensemble du Québec entre  1981 et  2015

Sources : INSPQ, La mortalité par suicide au Québec 1981 à 2015 – Mise à jour 2018, Québec,p. 5, en ligne, https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2345_mortalite_suicide_quebec_2018.pdf

Cela veut tout de même dire que, chaque jour au Québec, 3 personnes se sont enlevé la vie en 2015 et que 80 personnes ont tenté de le faire.  Le taux de suicide au Québec se situe au-dessus de la moyenne canadienne qui était de 12 sur 100 000 habitants en 2014 (p. 15).

Toutefois, bien qu’il reste du travail à faire, il faut saluer le travail des intervenant-es qui ont su réussir là où peu d’entre nous auraient le courage, la patience et la résilience nécessaire pour accomplir cette tâche.

Au-delà des gestes, le financement

On le voit, le rôle des centres de préventions au suicide est primordial. Il est estimé que plus de 100 000 appels ont été reçus par des personnes suicidaires en 2017 et près de 21 000 proches d’une personne suicidaire ont bénéficié des services spécialisés de ces organismes. Or, pour certains groupes, cela veut dire une hausse importante des activités sans pour autant avoir reçu un financement adéquat. Par exemple, au centre de prévention du suicide JEVI en Estrie, la demande a triplé en 6 ans, alors que le montant du financement est resté le même.

En ce sens, il n’est pas étonnant de voir l’AQPS faire des propositions aux candidat-es pour favoriser la prévention. Dans leur liste de propositions, on retrouve des demandes raisonnables, dont deux me semblent nécessaires et simples à mettre en place au Québec.

L’AQPS propose d’instaurer une nouvelle stratégie nationale de prévention du suicide. Celle-ci permettrait à l’ensemble des acteurs de se concerter et de mettre en place des mesures efficaces. À titre de comparaison, alors que la situation était extrêmement préoccupante au tournant des années 2000, ce type de concertation a mené à la création de la ligne d’intervention 1-866-APPELLE et à la formation des intervenants. Cela  a  contribué à une réduction majeure des taux de suicide en une dizaine d’années seulement, notamment chez les jeunes. Il semble logique de remettre en place ce type de procédé pour maintenir les avancées sur la question, particulièrement lorsque l’on observe leur pertinence au Québec et à l’international (p.71).

L’AQPS demande aussi la réalisation d’une campagne publicitaire nationale afin de favoriser la prévention du suicide. L’association explique, à juste titre, que le Québec n’a jamais connu ce type de campagne de publicité à grande échelle. Selon elle, « le budget alloué aux campagnes de sécurité routière par la SAAQ était de 6 974 473 $ en 2017 pour un nombre de 359 personnes décédées sur les routes la même année » (p. 4).  Considérant que, tous les ans, le suicide fait 1 100 décès au Québec, on peut effectivement avancer qu’il serait pertinent d’augmenter les budgets pour ce type d’approche.

À ces propositions s’ajoutent des investissements dans les centres de prévention du suicide, l’amélioration de l’accessibilité à la psychothérapie partout sur le territoire, ainsi que d’autres demandes.

Ici, on peut bien se questionner sur les coûts de telles demandes, mais dans les faits, les montants sont marginaux dans le budget d’un État et ont de réels effets sur la vie et la santé de centaines de personnes. C’est pourquoi la prévention du suicide se doit d’être étudiée et doit faire partie au plus vite d’une stratégie gouvernementale. Espérons que dans les prochains jours, les partis politiques en place prendront position sur cet enjeu.

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