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Mise à jour économique : maquiller 1,5 G$ de surplus

30 novembre 2015

  • Philippe Hurteau

Hier après-midi, le ministre des Finances du Québec a dévoilé sa mise à jour économique sur l’état des finances publiques. Comme il fallait s’y attendre, elle ne comprend aucune grande annonce.

D’abord, le ministre Leitao nous annonce que l’équilibre budgétaire sera effectivement atteint cette année. Mieux encore, le déficit prévu de 2,3 G$ pour l’an passé est réduit à 1,1 G$. En clair, les quelque 4 G$ que l’on a recensés en compressions depuis 2014 ont finalement donné les résultats escomptés.

De manière obstinée, le ministre refuse de parler d’austérité budgétaire. Comme les dépenses augmentent de 1,6 %, il préfère parler de rigueur. Malheureusement pour le ministre, ce chiffre ne veut pas dire grand-chose puisqu’il tient compte ni de l’inflation ni de la croissance démographique (comme indicateur de la croissance des besoins de la population). Concrètement, l’équilibre budgétaire a été atteint, et c’est la qualité et l’accessibilité des services offerts par l’État qui en a font les frais.

Les dépenses, les revenus et le Fonds des générations

Pendant ce temps, les revenus du gouvernement ont augmenté substantiellement. Avec une croissance de 4,1 %, l’argent qui entre dans les coffres de l’État excède les sorties.

Qu’est-ce que tout ceci veut dire?

Contrairement aux prétentions du ministre, ceci ne signifie en rien une « reprise en main des finances publiques ». C’est plutôt le signe que la stratégie orchestrée depuis deux ans     par le gouvernement commence à fonctionner.

Dès l’élection, M. Couillard a mis en place une stratégie de communication qui présentait une vision alarmiste des finances publiques. En s’appuyant sur le rapport préparé par le tandem Godbout-Montmarquette, le premier ministre a pu alléguer l’existence d’un déficit imaginaire de 5,8 G$. L’idée était simple : inventer un imposant déficit pour justifier des coupes tout aussi importantes.

Un autre élément de cette stratégie réside dans le dogme absolu du maintien des versements au Fonds des générations. De 2009 à aujourd’hui, c’est 56 % (soit 8,9 G$ de 15,6 G$) de l’ensemble des déficits publics qui sont attribuables à l’argent que le gouvernement préfère investir dans un fonds spéculatif plutôt que dans les services offerts à la population.

En excluant les versements au Fonds des générations, nous avions déjà un léger surplus de 100 M$. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà bien différent du déficit allégué de 1,1 G$. Cette année, ce n’est pas l’équilibre budgétaire qui sera atteint, mais bien des surplus de 1,5 G$.

Alors, à quoi rime l’action gouvernementale?

Il semble s’amuser au jeu du chat et de la souris. Soit exagérer des déficits, soit cacher des surplus dans le Fonds des générations. Le tout pour justifier dans un premier temps un programme de coupes et, dans un deuxième temps, se donner un prétexte pour ne pas répondre à la pression populaire.

Ah, désolé, j’avais oublié. Le ministre a en effet répondu aux pressions de la population en annonçant 80 M$ d’argent neuf en éducation. Disons qu’il en manque seulement 420 M$ pour réparer les pots cassés des 500 M$ de compressions des dernières années…

Bref, l’important, au final, c’est de se conserver de la marge de manœuvre pour des baisses d’impôt à venir en vue des prochaines élections. Le tout est resplendissant d’originalité. En attendant, les compressions font mal pour de vrai.

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