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Est-ce que le CHUM aussi pourrait brûler?

17 juin 2015

  • Guillaume Hébert

Encore des raisons de frissonner devant les partenariats public-privé (PPP). Une fois de plus, c’est d’Angleterre que nous viennent les nouvelles qui minent plus avant la crédibilité de cette formule déjà terriblement amochée pour la construction d’infrastructures.

On apprenait la semaine dernière dans le journal The Independant que le tout premier hôpital construit en vertu de la formule PPP en Grande-Bretagne, le Cumberland Infirmary de Carlisle, présente des risques majeurs d’incendie.

Après le dépôt d’un rapport produit par une commission indépendante, un porte-parole des pompiers a confirmé que l’hôpital en question constituait « l’un des plus gros risques d’incendie » dans cette ville du nord-ouest de l’Angleterre.

Les dirigeant∙e∙s de l’agence (« NHS Foundation Trust ») qui gère les relations avec le partenaire privé chargé des opérations de l’hôpital se disent pour leur part « très préoccupé∙e∙s » par ce partenariat qui n’atteint pas les standards voulus pour la population.

Tout ça pour réaliser des économies? Oui et non. Oui pour le partenaire privé qui a intérêt à ne pas trop dépenser d’argent afin de ne pas rogner sa marge de profit sur les généreux montants que lui verse l’État britannique pour s’occuper de l’hôpital.

Mais pour l’État et la collectivité justement, « économies » n’est pas un terme approprié.

Un nouveau rapport publié cette année par l’équipe du Vérificateur général britannique a confirmé que, sur le long terme, les PPP s’avèrent plus dispendieux que les infrastructures construites et gérées en mode conventionnel.

Fait hallucinant : les actifs des projets en PPP valent 56,5G £ (107,5 milliards de $ canadiens), mais le gouvernement paiera ultimement cinq fois cette somme d’ici la fin de ces ententes!

L’année dernière, l’IRIS a publié une note socio-économique qui concluait que les exemples internationaux tendent à montrer que le gouvernement québécois aurait intérêt à racheter les PPP plutôt qu’à maintenir cette formule durant une trentaine d’années comme il est prévu actuellement. Selon nos calculs, ce rachat pourrait permettre des économies de plusieurs milliards à long terme.

Le professeur de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) Pierre J. Hamel évaluait pour sa part que les PPP pour les CHU universitaires de Montréal feraient doubler les coûts.

Tout dépendant néanmoins des contrats que nos élu∙e∙s et nos fonctionnaires ont signés avec les partenaires privés. Des contrats qu’on ne nous montrera jamais bien entendu étant donné qu’il y a belle lurette que le secret commercial s’est élevé au-dessus de la transparence et de l’information que l’État doit aux citoyennes et aux citoyens.

Il n’en demeure pas moins que les paiements unitaires que nous verserons chaque année aux partenaires privés doivent être rendus publics. Jusqu’à maintenant, on nous a refusé cette information. Est-ce qu’on a engagé de l’argent public dans un gouffre financier?

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