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Le hockey, un sport pas pour tout le monde

22 mai 2014

  • Philippe Hurteau

Pendant les séries, le Québec tout entier vibre au rythme des Canadiens de Montréal. Pourtant, l’euphorie suscitée par les exploits sportifs de P.K. Subban ou encore le profond désespoir causé par la blessure de Carey Price ne peuvent complètement effacer le malaise que suscite ce spectacle de haut niveau. Si, comme plusieurs, j’écoute avec passion tous les matchs à la télévision ou dans les bars de la métropole, je ne peux m’empêcher de trouver que quelque chose cloche avec notre sport national.

Ce n’est pas seulement le fait de voir des millions être offerts à des gars qui ont comme seul talent de savoir patiner et lancer des rondelles qui dérange, mais bien de constater que le hockey est de moins en moins abordable. En fait, si on veut jouer au hockey, si on veut y initier nos jeunes ou encore se payer une soirée au Centre Bell, force est de constater que de tels plaisirs ne sont pas accessibles à toutes les bourses.

Un sport d’élite

Je me souviens encore des histoires de mon père. Il a passé sa jeunesse à jouer sur les glaces extérieures, au froid, sans autre besoin qu’un bâton, une rondelle et deux patins. Il a joué pour la première fois dans un aréna à l’âge de 16 ans et il est devenu gardien de but parce qu’un ami de la famille avait un vieil équipement à donner. Le soir, à la radio puis à la télé, les Jean Béliveau, Guy Lafleur et autres étoiles légendaires du Canadien lui insufflaient non pas le goût de la compétition, mais le plaisir de jouer.

Bref, tout était beau, tout était simple. Les jeunes jouaient au hockey.

Aujourd’hui, tout est un peu plus compliqué, le hockey étant devenu hors de prix. Pour un joueur d’âge mineur, il en coûte de 650 $ à 6500 $ par saison aux parents.

Les frais d’inscription, l’équipement, les tournois, les camps d’entrainement, les camps de perfectionnement, le transport… Toute une panoplie de produits et de frais se sont introduits au fil des années et font en sorte qu’aujourd’hui il faut avoir le portefeuille bien garni pour permettre à ses enfants de simplement jouer.

On transforme un sport d’équipe basé sur la solidarité et le dévouement en une sorte de parodie de la performance, performance qu’il faut bien entendu avoir les moyens de soutenir économiquement.

Le hockey n’est décidément plus ce qu’il était. D’un sport populaire pratiqué sur les lacs du Québec ou dans les parcs de nos villes, on a développé une industrie de la performance dans laquelle vaut mieux être riche que pauvre et talentueux.

Et que dire de notre Sainte-Flanelle. Elle sert irrémédiablement de propulseur à cette transformation. L’équipe, dont la valeur est évaluée à 775 M$ par le magazine Forbes, n’a plus grand-chose à voir avec son sport, le hockey lui servant de prétexte ou de moyen pour faire de l’argent. Un match n’est plus un match, mais un réservoir d’occasions à rentabiliser. Occasion de vendre des billets à des prix prohibitifs, occasion de vendre de la bière chaude à 10 $ le verre, occasion de vendre des chandails et d’autres produits promotionnels… Aller loin en série, une occasion de plus pour augmenter les profits de l’équipe et permettre aux bars de la métropole de faire de même.

J’ai commencé à patiner et à jouer au hockey à l’âge de 5 ans et je joue toujours, 26 ans plus tard, au moins une fois par semaine. Toutefois, je constate que ce sport que j’aime est de plus en plus inaccessible et que, malgré l’engouement collectif des dernières semaines, il tourne à vide dans un fantasme de la performance et une orgie de profits.

Pour ma part, je préfère encore mieux les parties de ruelle et de cours d’école.

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