Les syndicats nuisent-ils au Québec?
7 octobre 2014
Avec un taux de syndicalisation frôlant les 40 %, le Québec connaît une situation peu fréquente en Amérique du Nord. Pour certains, la « forte » présence syndicale est synonyme d’inefficacité économique, d’injustice intergénérationnelle, de pratiques d’accréditation obsolètes ou encore d’un immobilisme social rébarbatif aux investissements et à l’initiative privée. Pour d’autres, un taux de syndicalisation élevé est synonyme d’un marché du travail offrant des emplois plus stables et mieux rémunérés, une répartition des richesses plus égalitaire et une meilleure capacité collective à influer sur les choix et orientations politiques des gouvernements.
Un axe principal des attaques contre le taux de syndicalisation du Québec est qu’il serait responsable d’un plus bas taux d’investissements privés et donc d’une croissance économique plus lente. Selon une étude réalisée par Marcel Boyer pour le compte de l’Institut économique de Montréal (IEDM), « le manque d’investissements privés au Québec se chiffre à 73,2 milliards $ pour les derniers dix ans, sur des investissements de 387,6 milliards $ (en dollars de 2002) ». Cette carence s’expliquerait principalement en raison de « l’absence d’un équilibre, comparable à celui présent chez nos principaux concurrents économiques, dans les relations de travail entre syndicats et employeurs […] ».
En résumé, les syndicats québécois en mèneraient trop large, ce qui aurait comme conséquence de nuire à l’investissement. Un effet direct de ce manque d’investissements serait un déficit en création d’emplois. Toujours selon Boyer, le Québec se serait ainsi privé de 224 190 nouveaux emplois entre 1981 et 2007. Encore une fois, on pointe du doigt les contraintes institutionnelles imposées au libre marché et le « déséquilibre » qui avantagerait les syndicats au niveau des relations de travail. Dans cette brochure, l’IRIS tentera d’évaluer la justesse des critiques adressées au syndicalisme québécois en répondant à dix questions habituelles sur le lien entre syndicat et économie.