Ville de Montréal : des contrats en génie-conseil de plus en plus onéreux
29 mai 2025
Montréal, 29 mai 2025 – À Montréal, les montants facturés par les firmes de génie-conseil ont connu une augmentation fulgurante depuis dix ans. C’est le constat réalisé dans une nouvelle étude de l’IRIS qui montre que cette situation aurait pu être évitée si la Ville de Montréal avait suivi les recommandations de la commission Charbonneau, notamment en ce qui concerne la réduction de la sous-traitance.
Depuis 2012, les tarifs des firmes de génie-conseil dans les contrats d’infrastructures octroyés par la Ville de Montréal ont crû de 82 %, une croissance plus de deux fois supérieure à l’inflation.
« Notre étude révèle que la supervision et la conception de chantiers publics comme la réparation d’aqueducs ou le réaménagement de voies publiques coûte de plus en plus cher à Montréal, et ce, en dépit de la baisse de qualité des services rendus par les firmes en génie-conseil », soutient Colin Pratte, chercheur à l’IRIS et auteur de l’étude publiée aujourd’hui.
Des documents obtenus suite à une demande d’accès à l’information font état des préoccupations de la Ville de Montréal quant à la baisse de qualité des livrables des firmes de génie-conseil dans le domaine des infrastructures.
La Ville de Montréal a perdu le contrôle
« La Ville de Montréal paie aujourd’hui le prix d’avoir ignoré certaines recommandations de la commission Charbonneau qui s’était montrée sans détour quant à l’importance de diminuer le recours à la sous-traitance », déplore Colin Pratte.
La valeur des contrats confiés par la Ville de Montréal à des entreprises privées de génie-conseil pour le domaine des infrastructures a connu une augmentation moyenne de 18 % par an.
La dépendance accrue au secteur privé est particulièrement désavantageuse dans un marché très concentré. En 2024, cinq entreprises de génie-conseil se partageaient le trois quarts de la valeur des contrats attribués par la Ville de Montréal pour ce type de services. Les appels d’offres dans ce domaine génèrent très peu de compétition: en 2024, près de la moitié des appels d’offres n’ont reçu qu’une soumission par contrat octroyé.
« La situation actuelle rappelle celle qui prévalait avant la tenue de la commission Charbonneau. Les firmes privées jouissent actuellement d’une position qui leur permet d’augmenter leurs tarifs bien au-delà du juste prix », explique Colin Pratte.
Réduire la sous-traitance pour réaliser des économies substantielles
Si la Ville de Montréal avait rapatrié au public les services de génie-conseil dans le domaine de l’infrastructure, elle aurait réalisé des économies d’au moins 40 M$ en 2024.
« Pour reprendre le contrôle des dépenses allouées aux services en génie-conseil, la Ville de Montréal doit augmenter son indépendance face au secteur privé. Pour ce faire, elle doit reconstruire une expertise publique, ce qui lui permettrait de réaliser davantage de travaux à l’interne, en plus d’assurer une meilleure vérification des factures soumises par les firmes et de faire une estimation plus exacte des coûts des travaux sous-traités », soutient le chercheur.
Un témoin rencontré dans le cadre de cette étude alléguait par ailleurs que la firme de génie-conseil pour laquelle il travaillait confectionnait de fausses factures à l’occasion de contrats avec la Ville de Montréal.

Photo: remundo (Wikipédia)