Communiqué | Revenu viable : Combien faut-il pour vivre dignement dans sept villes du Québec en 2021 ? – Données pour Gatineau, Montréal, Québec, Saguenay, Sept-îles, Sherbrooke et Trois-rivières
28 avril 2021
Montréal, le 28 avril 2021 – Alors que la pandémie de COVID-19 affecte plus durement les personnes plus pauvres, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dévoile aujourd’hui la 7e édition annuelle du revenu viable pour vivre dignement au Québec. Dans la note intitulée Revenu viable 2021 : pour une sortie de pandémie sans pauvreté, on apprend qu’il faut à une personne seule entre 24 433 $ et 32 607 $, selon la localité, pour y arriver.
Niveau du revenu viable 2021, selon le type de ménage et la localité
« La force du revenu viable, c’est d’être basé sur un panier de biens et services qui permet de vivre dignement, explique le chercheur à l’IRIS Philippe Hurteau. À Montréal par exemple, pour une personne seule, il équivaut à près de 1,3 fois le seuil de la Mesure du panier de consommation (MPC) couramment utilisé et suppose un salaire horaire d’au moins 18 $ à temps plein ». Alors que la MPC permet uniquement de couvrir les besoins de base, le revenu viable est un indicateur pour un niveau de vie exempt de pauvreté.
Défis particuliers en temps de COVID-19
Les pertes d’emploi et autres impacts négatifs de la pandémie en cours affectent davantage les ménages qui touchent moins que le revenu viable ou près de celui-ci. L’IRIS « estime que cela concerne environ 1,5 M de personnes, soit près d’une personne sur cinq au Québec. Soutenir ces personnes doit être une priorité de la relance post-pandémie. » Une sortie de pandémie sans pauvreté suppose de privilégier l’amélioration des revenus du cinquième le plus pauvre de la population sur celle des revenus du cinquième le plus riche.
Parmi les situations de vie qui se situent sous le revenu viable, on retrouve les personnes de 65 ans et plus qui n’ont accès qu’aux garanties de revenu minimales (pension de la sécurité de la vieillesse et supplément de revenu garanti), les prestataires des programmes d’aide de dernier recours comme l’aide sociale et même les personnes qui travaillent à temps plein et gagnent le salaire minimum. « On a tendance à croire qu’un emploi suffit à sortir de la pauvreté, mais notre économie a créé une catégorie de travailleur·euse·s pauvres », soutient Philippe Hurteau.
Le transport en commun, un facteur structurant
Le fait de devoir posséder un ou plusieurs véhicules personnels par ménage pour les déplacements quotidiens a un impact majeur sur le revenu nécessaire pour vivre dignement. « Le calcul du revenu viable montre bien l’importance de services de transport en commun abordables et adaptés aux besoins des citoyen·ne·s pour réduire à la fois les dépenses des ménages et les émissions de GES. C’est seulement en aménageant du transport en commun de qualité et en dispensant autant que possible les individus de l’obligation d’acheter une voiture qu’on pourra réaliser une transition écologique juste », précise M. Hurteau. L’absence ou l’insuffisance du transport en commun dans une municipalité oblige les ménages à se procurer une voiture, ce qui fait augmenter de 6000$ et plus le revenu viable nécessaire pour combler leurs besoins. Cette somme explique en grande partie les disparités régionales.
Et les personnes à l’aide sociale ?
Bien loin du revenu viable, les personnes touchant l’aide sociale vivent avec moins de la moitié (49 % pour une personne seule à Montréal) du seuil de couverture des besoins de base selon la MPC telle qu’elle est calculée depuis 2018. Ce faisant, le gouvernement du Québec est en défaut par rapport à l’engagement pris en 2017 de leur assurer un revenu disponible correspondant à 55,1 % de la MPC. Philippe Hurteau conclut qu’« en agissant ainsi, le gouvernement de François Legault et son ministre Jean Boulet acceptent que des milliers de Québécois·es à l’aide sociale vivent avec 10 423 $ par an plutôt que 11 644 $. »
À propos de l’indice du revenu viable au Québec
Le revenu viable est une somme disponible (après impôt) qui permet de vivre dignement hors de la pauvreté. Cela signifie à la fois d’être en mesure de faire des choix et de pouvoir faire face à des imprévus. Le revenu viable est calculé pour 3 types de ménages et 7 municipalités québécoises afin de refléter différentes réalités. Depuis 2015, l’équipe de recherche de l’IRIS travaille sur cet indicateur qui se distingue des différents seuils de faible revenu en usage au Canada, en calculant un panier de biens et services donnant accès à une vie digne, exempte de pauvreté.