COMMUNIQUÉ | L’obsession du rattrapage de l’Ontario nuisible pour le Québec
7 mars 2024
7 mars 2024, Montréal – L’IRIS publie aujourd’hui une étude qui montre que l’objectif de combler l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario est contre-productif. En faisant ce choix, le gouvernement Legault risque de reproduire des erreurs du passé en plus de retarder la mise en place d’une politique industrielle adaptée aux défis du 21e siècle.
« La politique industrielle du Québec ne devrait pas être guidée par l’objectif de rattraper le PIB par habitant de l’Ontario. L’économie québécoise doit plutôt faire l’objet d’une planification cohérente qui met l’accent sur les limites écologiques et le bien-être de la population », estime Mathieu Dufour, chercheur à l’IRIS et co-auteur de l’étude.
Attention à l’obsession du rattrapage avec l’Ontario
L’histoire montre que la concurrence avec l’Ontario peut mener à un gaspillage de ressources considérable. Dans les années 1960, le gouvernement québécois a créé une entreprise publique de sidérurgie (SIDBEC) afin de faire concurrence à l’Ontario. Après une série d’investissements majeurs, le projet s’est soldé par un échec coûteux.
« En voulant créer de la richesse à n’importe quel prix pour « rattraper » l’Ontario, la CAQ risque de dilapider les fonds publics dans des projets industriels dispendieux dont les véritables bienfaits pour la population québécoise demeurent incertains », remarque Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS et co-auteur de l’étude.
Les Québécois·es pas moins productifs
En novembre dernier, le ministre des Finances a réitéré son objectif d’éliminer, d’ici 2036, l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario, estimé à 14 % du PIB par habitant·e·s. L’étude publiée aujourd’hui montre pourtant qu’à structure industrielle égale, le PIB par heure travaillée a augmenté plus rapidement entre 1997 et 2020 au Québec et y sera désormais plus élevé au Québec qu’en Ontario.
« Dire que le Québec est moins riche que l’Ontario parce que son PIB est moins élevé est excessivement simpliste. La structure industrielle des deux provinces est passablement différente et une fois cela pris en compte, la main-d’œuvre québécoise n’est pas moins productive que celle de l’Ontario », précise Mathieu Dufour.
Niveau de vie légèrement plus élevé au Québec
En reprenant la méthodologie développée par l’économiste Pierre Fortin qui ajuste les revenus au niveau des prix, on constate par ailleurs que le pouvoir d’achat du Québec se situe tout juste au-dessus de celui de l’Ontario (+ 0,6 %) en 2022. Par conséquent, sur le plan du niveau de vie, il n’y avait pas d’écart significatif entre les deux provinces l’an dernier.
« Le PIB est un indicateur imparfait et sa croissance ne peut être une fin en soi. Il ne dit pas tout ce qu’il faut savoir sur la prospérité d’une société ni sur la répartition de la richesse produite », remarque Guillaume Hébert.
« En Ontario, les riches sont plus riches alors que les pauvres sont plus pauvres et ont davantage de difficulté à combler leurs besoins de base. On ne voudrait quand même pas que le Québec rattrape le niveau d’inégalités de l’Ontario », conclut le chercheur.
Pour lire la note : bit.ly/productivite-quebec