Comment protéger le secteur de l’information locale contre les GAFA?
20 mars 2025
Montréal, le 13 mars 2025 – Les médias à but non lucratif ont un rôle à jouer contre la détérioration de l’information au Canada et au Québec. C’est la conclusion d’une étude publiée aujourd’hui par l’IRIS et le CCPA qui montre que le modèle de financement des médias n’est plus viable et que le secteur de l’information gagnerait à accroître son indépendance vis-à-vis l’industrie de la publicité et des relations publiques, en pleine croissance.
Les médias locaux : premières victimes des GAFA
Au Québec, 101 médias locaux au Québec ont cessé complètement leurs activités, tandis que 37 ont réduit leurs services entre 2008 et 2024. Les régions rurales ont vu le nombre de journalistes actifs diminuer jusqu’à 30 % entre 2006 et 2016, alors qu’on y retrouve déjà moins d’un cinquième des journalistes québécois.
« Les médias locaux sont les premières victimes de la domination des plateformes numériques (GAFA) dans le secteur de l’information. La crise qui les afflige actuellement compromet l’accès à une information locale de qualité susceptible de nourrir la vie démocratique des régions », déplore Joëlle Gélinas.
Au Canada, plus du deux tiers des revenus publicitaires sont accaparés par Alphabet (Google, YouTube), Meta (Facebook, Instagram) et Amazon, privant les médias canadiens de ressources importantes pour poursuivre leurs activités.
Appauvrissement de l’information : un risque pour la démocratie
Les nombreuses compressions et fermetures enregistrées dans les dernières années se traduisent par une diminution importante du nombre de journalistes au Québec, ce qui a des répercussions sur la qualité de l’information produite par les médias.
Tandis que le nombre de journalistes a diminué de 21 % entre 2006 et 2021, le nombre de relationnistes et de publicitaires au Québec a connu une hausse 304,9 % durant la même période.
« Le ratio disproportionné entre le nombre de journalistes et de professionnels des communications (1 pour 10) est représentatif de la part grandissante occupée par l’industrie des relations publiques et de la publicité au Québec. Le problème c’est que les premiers cherchent à rapporter les faits de la manière la plus objective et la plus équilibrée possible, alors que les seconds diffusent de l’information formatée par des intérêts politiques ou commerciaux », explique Guillaume Hébert.
Radio-Canada: désinvestissement de 30 % depuis 1984
Les activités de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) et de Radio-Canada (RC) sont actuellement limitées en raison d’un désinvestissement public progressif équivalant à 30 % depuis 40 ans. « Le diffuseur public pourrait jouer un rôle central contre les GAFA et protéger l’information locale. Le désinvestissement des dernières années compromet considérablement sa mission » conclut le chercheur.