Fiscalité des aînés — Sortir du tout au crédit d’impôt
22 mai 2019
Montréal, le 22 mai 2019 – Au Québec, les personnes aînées utilisent de plus en plus un ensemble de crédits d’impôt dont plusieurs ont été créés à leur intention au fil des ans. Dans une étude rendue publique aujourd’hui, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) montre comment le gouvernement québécois a trop souvent recours à ces outils fiscaux qui s’avèrent souvent des réponses inadéquates aux enjeux de société.
L’un des exemples les plus frappants est celui du crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés dont l’utilisation a explosé de 162,3 % en dix ans alors que les besoins dans ce domaine sont criants en raison des dépenses publiques insuffisantes. Même constat du côté du crédit d’impôt pour frais médicaux dont l’utilisation a crû de 84 % sur la même période.
« Les personnes âgées peinent à trouver un hébergement et à payer leurs médicaments, s’inquiète Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS. Elles ont du mal à joindre les deux bouts avec leur mince revenu de retraite ? Elles paient trop de taxes ? Par ici les crédits d’impôt. Au Québec et au fédéral, c’est pratiquement devenu un automatisme. Un problème, un crédit d’impôt. Celui-ci peut évidemment avoir des effets positifs, mais il ne saurait pallier des mesures beaucoup plus structurantes et moins électoralistes. »
L’IRIS constate que certains crédits sont peu utilisés et échouent à répondre aux enjeux de société auxquels ils se rapportent. C’est le cas notamment du crédit d’impôt pour activités des aînés, qui vise à briser l’isolement mais qui alloue un montant maximal de 40 $, ou encore du crédit d’impôt pour relève bénévole, qui cherche à soutenir les proches aidant·e·s, mais qui requiert 400 heures de travail pour avoir droit au crédit maximal.
D’autant plus que ces mesures sont bien souvent inaccessibles pour la majorité des aînés, quand elles ne sont carrément pas cachées ou, à tout le moins, peu publicisées. « Il est impératif que les gouvernements mettent de l’ordre dans ces crédits parce qu’à l’heure actuelle, une chatte n’y retrouverait pas ses petits, s’étonne le chercheur. Nous proposons également de mieux publiciser les programmes auxquels les aîné·e·s ont droit, à l’aide, par exemple, de campagnes de promotion. »
L’IRIS propose en outre que les gouvernements entament une profonde réflexion sur l’utilisation de ce type de dépenses fiscales, qui se fait trop souvent au détriment de mesures fiscales plus progressistes. « Le réseau public de la santé et des services sociaux crie famine. Les ressources manquent, alors que le vieillissement de la population est en cours. La solution ne réside pas dans le saupoudrage de mesures fiscales qui, ultimement, profitent au secteur privé. Nous devons miser davantage sur un impôt progressif, des services adéquats et des prestations publiques qui garantissent aux aîné·e·s un revenu permettant une vie digne », de conclure Guillaume Hébert.
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