Équité salariale : les travailleuses des services publics désavantagées par la Loi
13 février 2019
Montréal, le 13 février 2019 – Alors qu’une modification de la Loi sur l’équité salariale (LÉS) a été déposée hier à l’Assemblée nationale, l’IRIS révèle dans une étude que les employé·e·s des services publics, en majorité des femmes, sont les seul·e·s à avoir subi une baisse de leur pouvoir d’achat depuis 2000. Pendant la même période, les autres employé·e·s du secteur public et ceux du secteur privé ont vu croître leur pouvoir d’achat de 12 %. Cette situation participe ainsi à perpétuer l’écart entre la rémunération des hommes et des femmes au Québec.
Réalisée à partir des données de l’Institut de la statistique du Québec, de Statistique Canada et du Conseil du Trésor, l’étude souligne entre autres que la rémunération moyenne dans les services publics (santé et services sociaux, éducation et fonction publique) est de 23 % inférieure à celle des entreprises publiques comme les sociétés d’État. La Loi sur l’équité salariale votée en 1996 a permis des avancées sans toutefois régler les iniquités entre les services publics et les autres secteurs. Il en coûterait annuellement environ 7,3 G$ à l’État québécois pour effectuer un rattrapage salarial qui éliminerait ces inégalités. Ce rattrapage réduirait de 35 % l’iniquité entre le salaire moyen des hommes et celui des femmes pour l’ensemble du Québec.
En somme, la Loi sur l’équité salariale devrait être réformée pour régler le problème d’équité salariale qui touche particulièrement les travailleuses et travailleurs de l’administration québécoise. La loi actuelle garantit une équité entre les emplois typiquement féminins et masculins au sein d’une même organisation ou d’un même secteur d’emploi, mais ne permet pas de comparaison systématique entre deux secteurs, comme celui des services publics et celui des entreprises publiques.
Citations de l’auteur et chercheur associé à l’IRIS, François Desrochers
« Malgré les avancées réalisées depuis son adoption, la Loi sur l’équité salariale n’a pas réglé les iniquités envers les femmes, qui sont surreprésentées dans les services publics », fait valoir le doctorant en sciences politiques à l’Université de York.
« Comme l’a rappelé le ministre Boulet en déposant son projet de loi hier après-midi, "l’égalité hommes-femmes" fait partie des valeurs québécoises. Il faut réformer la loi sur l’équité salariale pour respecter ce principe fondamental », ajoute l’auteur.
« Une personne qui fait la même tâche dans une société d’État comme Hydro-Québec ou Loto-Québec gagne en moyenne 23 % plus que celle qui travaille en éducation, dans un ministère ou dans un établissement de santé et services sociaux », illustre-t-il.
« La plupart des emplois dans les services publics impliquent de prendre soin des gens, de nos personnes âgées, de nos personnes malades, de nos enfants. Il est temps de reconnaître ces emplois à leur juste valeur. »
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