COMMUNIQUÉ | Le Québec peut faire mieux pour les retraité·e·s
6 avril 2023
Montréal, 6 avril 2023 – Alors que le gouvernement s’apprête à modifier le régime des rentes du Québec (RRQ) afin d’encourager le maintien en emploi des personnes âgées, le système de retraite dont s’est doté le Québec est incapable de soutenir dignement les personnes âgées qui quittent le marché du travail. Selon une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publiée aujourd’hui, la pauvreté des personnes âgées n’est pas une fatalité et le Québec peut faire mieux pour les retraité·e·s.
53 % des retraité·e·s de 65 ans et plus n’atteignent pas le revenu viable
Au Québec, 53% des retraité·e·s de 65 ans et plus vivant seul·e·s ne touchent pas un revenu viable, c’est-à-dire un revenu permettant une vie exempte de pauvreté. En contrepartie, pour qu’une personne sans épargne personnelle et sans régime de pension d’employeur atteigne le revenu viable, il faudrait qu’elle touche durant toute sa vie active et jusqu’à 70 ans un revenu équivalent à 66 000$ par année. Pourtant, seul le quart des travailleurs et travailleuses ont accès à un régime de retraite d’employeur de qualité et rares sont ceux et celles qui gagnent suffisamment d’argent pour maximiser leurs cotisations dans un régime enregistré d’épargne-retraite (REER). En effet, moins du quart des personnes gagnant moins de 70 000$ ont contribué à un REER en 2021.
« Il est impossible de vivre hors de la pauvreté en disposant uniquement des programmes publics de base au Québec, ce qui en dit long sur la qualité de notre système de retraite. Si certains postes de dépenses diminuent à la sortie du marché du travail, le prix pour se loger en résidence varie en moyenne entre 23 000 $ et 40 000$ par année, ce qui dépasse largement le 10 000 $ prévu pour le logement dans le calcul du revenu viable », signale Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS et autrice de l’étude.
Système de retraite: le Québec fait piètre figure quand on le compare
Au Danemark, les régimes de retraite d’employeurs ont été rendus quasi-obligatoires par l’État ce qui permet, selon l’OCDE, d’assurer un taux de remplacement du revenu pouvant aller jusqu’à 125 % pour les personnes à faible revenu. Ce taux n’est que de 53 % pour le Canada et le Québec. Cette situation pourrait expliquer en partie la croissance constante du taux de personnes de 65 à 69 ans qui occupent un emploi, taux qui s’élevait à 20 % l’année dernière.
« Une chose est certaine, il est possible de faire mieux pour les retraité·e·s. En effet, le Canada fait piètre figure quand on le compare au Danemark qui nous montre que la pauvreté et le travail à la retraite ne sont pas des fatalités. Cela dit, même un programme de soutien de qualité ne peut répondre aux besoins des personnes retraitées si les salaires demeurent bas sur le marché du travail », explique Eve-Lyne Couturier.
La retraite: une responsabilité collective
En réponse au faible nombre de personnes couvertes par un régime de retraite d’employeurs, le Québec a fait le choix de développer des régimes volontaires d’épargne-retraite (RVER), un modèle auquel les employeurs ne sont pas tenus de cotiser. Le remplacement du RVER pour un régime général d’épargne-retraite (RGER) collectif, public et à prestations déterminées indexables permettrait d’améliorer grandement le potentiel de couverture des besoins à la retraite puisqu’il garantirait un niveau de prestation minimal aux personnes qui y cotisent.
« On assiste au Québec à une déresponsabilisation des entreprises et du gouvernement quant à la prise en charge des personnes retraitées, voire à une instrumentalisation du régime pour répondre aux besoins du marché. Rappelons que la mission première d’un système de retraite est d’assurer un revenu de remplacement aux personnes âgées qui quittent le marché du travail lorsqu’elles ne sont plus en mesure de travailler », conclut Eve-Lyne Couturier.
Pour lire la note : bit.ly/retraite-deux-vitesses