COMMUNIQUÉ | Privé en santé: un marché qui croît au détriment de l’accès aux soins
2 mars 2022
Montréal, le 2 mars 2022 – Un consensus se dégage de la pandémie : le réseau de la santé et des services sociaux doit être réformé. Dans une fiche socioéconomique qui paraît aujourd’hui, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) rappelle qu’il faut renforcer le réseau public pour améliorer l’accès aux soins et aux services. Les dépenses effectuées dans le secteur privé, tout comme les emplois, ont crû dans les dernières décennies au Québec, une tendance qui représente une menace pour l’accessibilité, apprend-on dans l’étude « La progression du secteur privé en santé au Québec ».
Le privé en progression
« La privatisation du réseau de la santé signifie que les ménages moins fortunés risquent d’être privés des soins et des services dont ils ont besoin pour demeurer en santé », souligne Guillaume Hébert, chercheur et auteur de la fiche. Entre 1979 et 2019, la part du financement privé en santé a crû de 52,6 %. Les assureurs sont parmi les grands bénéficiaires de cette tendance. Les primes moyennes versées aux assureurs privés par les ménages québécois ont presque doublé entre 2010 et 2019, passant de 613 $ à 1 144 $ par année (+ 86,6 %).
Plus de travailleur·euse·s au privé qu’au public
Ensemble, le secteur privé et le travail autonome comptent bon an mal an depuis le milieu des années 2000 pour plus de 50 % des emplois dans le domaine des soins de santé et l’assistance sociale au Québec. En 2019, cette proportion atteignait 52,3 %, contre 39,8 % en 1987.
Le foisonnement des laboratoires médicaux privés
La prolifération des laboratoires médicaux privés, qui offrent entre autres des tests sanguins et des analyses d’urine, illustre également cette tendance. Comme l’IRIS le montre dans une autre fiche (disponible le 3 mars) qui leur est consacrée et qui sera rendue publique demain, cette industrie profite de l’offre insuffisante dans le système public pour croître en offrant des services en moyenne à moins de 450 mètres des groupes de médecine familiale (GMF).
Renforcer le réseau public
« L’accès aux soins est un indicateur de bien-être primordial », rappelle M. Hébert. L’instauration d’une assurance-médicaments universelle contribuerait à réduire les coûts qui incombent actuellement aux individus. L’intégration des soins dentaires et les services offerts par d’autres professionnel·le·s de la santé dans le panier de services offerts par la Régie de l’assurance maladie du Québec pourrait également faire diminuer le poids financier que représente la santé pour les ménages. « L’amélioration de la santé de la population québécoise doit guider la réforme que le gouvernement pilotera dans les prochaines années, un objectif qui ne peut être atteint que par le renforcement du réseau public », conclut Guillaume Hébert.
Pour lire la fiche : https://bit.ly/progression-prive-sante
« L’amélioration de la santé de la population québécoise doit guider la réforme que le gouvernement pilotera dans les prochaines années, un objectif qui ne peut être atteint que par le renforcement du réseau public »
Guillaume Hébert, auteur de l’étude et chercheur à l’Institut