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COMMUNIQUÉ | Soins de santé : les résident·e·s de l’Abitibi-Témiscamingue se tournent vers l’Ontario

22 septembre 2022


Montréal, le 22 septembre 2022 – Alors que des formations politiques proposent de construire de nouvelles infrastructures pour améliorer le système de santé québécois, la pénurie de personnel soignant demeure la principale cause du manque d’accès aux soins de santé en Abitibi-Témiscamingue. Telle est la conclusion de l’étude réalisée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) qui montre que l’accessibilité aux soins de santé dans la région fait piètre figure comparativement au reste de la province. 

Abitibi-Témiscamingue : un accès diminué aux soins de santé

En 2019, près de 2400 habitant·e·s de l’Abitibi-Témiscamingue ont dû se déplacer jusqu’en Ontario pour obtenir des soins de santé inaccessibles dans la région. « Qu’il s’agisse de l’interruption répétée des services ou des importants délais d’attente pour consulter un médecin spécialiste, les problèmes d’accès aux soins de santé en Abitibi-Témiscamingue précèdent de loin la situation pandémique. En plus d’obliger plusieurs résident·e·s de la région à parcourir des centaines de kilomètres pour se rendre dans les grands centres hospitaliers, une telle réalité peut aussi en inciter d’autres à renoncer à certains soins », soutient Krystof Beaucaire, chercheur associé à l’IRIS et co-auteur de la note. 

Rappelons qu’à l’été 2022, l’ensemble des urgences de la région de Témiscaming-Kipawa ont été forcées de fermer leurs portes la nuit alors que celles-ci constituent le principal point d’accès aux soins de santé pour plusieurs. En effet, en Abitibi-Témiscamingue, 72 % des visites à l’urgence sont le fait de personnes qui nécessitent des soins de première ligne, contre 53 % en moyenne au Québec. Le mauvais accès aux soins de première ligne et aux médecins de famille s’observe à la quantité importante de personnes qui se rabattent vers les urgences, déjà engorgées, pour recevoir des soins de base. « L’accès à la santé en Abitibi-Témiscamingue est non seulement problématique, la situation est aussi plus sombre qu’au Québec en moyenne ou que dans certaines régions aux caractéristiques similaires », explique Krystof Beaucaire. 

La pénurie de main-d’oeuvre au coeur du problème

Le ratio  d’infirmier·ère·s pour cent mille habitants est trois fois plus élevé en moyenne au Québec que dans certaines MRC de l’Abitibi-Témiscamingue. Le nombre de médecins spécialistes et d’ambulanciers se chiffrent également bien en-deçà de la moyenne québécoise. « Le manque de personnel soignant est la principale cause des problèmes d’accès aux soins de santé dans la région. On sait déjà que le nombre moyen d’infirmier·ère·s et de médecins spécialistes est insuffisant au Québec pour répondre aux besoins de la population. Que ce nombre soit moindre en Abitibi-Témiscamingue est d’autant plus problématique compte tenu de l’étendue du territoire à couvrir », explique Bertrand Schepper, chercheur à l’IRIS et co-auteur de la note.

L’Abitibi-Témiscamingue : particularité et défis régionaux

Le besoin accru en personnel soignant de l’Abitibi-Témiscamingue tient aux caractéristiques démographiques et géographiques de la région. « Les enjeux découlant du vieillissement de la population se font sentir plus durement en Abitibi-Témiscamingue, qui possède une plus faible population en âge de travailler que le reste du Québec. Surtout, pour desservir une population peu nombreuse et répartie sur un grand territoire, l’Abitibi-Témiscamingue doit posséder un nombre important d’installations (comme les CLSC). Ces installations doivent en contrepartie avoir le personnel nécessaire pour en assurer le bon fonctionnement, d’autant plus que la région  sert de corridor de service pour les résident·e·s du Nord-du-Québec », conclut Krystof Beaucaire.

Pour lire la note: https://bit.ly/sante-abitibi-temis