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Vers une révolution dans l’assurance-médicaments?

24 mai 2013

  • Guillaume Hébert

Il y a bientôt trois ans, l’IRIS publiait un rapport conjoint avec le Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) sur les avantages que présenterait un régime universel d’assurance-médicaments auquel adhéreraient toutes les provinces. Depuis, l’idée a fait beaucoup de chemin et ce, à un point tel qu’un sondage pancanadien réalisé ce mois-ci par la firme Ekos chiffre à près de 80% l’appui de la population à un régime qui couvrirait les médicaments de la même façon que sont couverts actuellement les frais des services hospitaliers et médicaux.

Dans ce débat, la position du Québec est particulière puisque l’ensemble de la population est déjà couverte par un régime d’assurance-médicaments. Ce n’est pas le cas au Canada anglais où beaucoup de personnes sont sans couverture. Toutefois, le modèle québécois n’est pas « universel », mais bien « général », puisque toutes et tous ne sont pas couverts par le même régime. Pire, le fonctionnement actuel permet aux assureurs privés de couvrir la meilleure portion de la population active, soit celle qui engendre le moins de coûts pour les régimes, et canalise les « restants » au régime public qui s’en trouve largement déficitaire. C’est d’ailleurs la province qui échoue le plus lamentablement à contrôler ses coûts en médicaments, poste budgétaire inflationniste s’il en est un.

L’avantage que présenterait un régime universel auquel participeraient toutes les provinces consiste d’abord et avant tout dans le rapport de force qu’il permettrait d’exercer face aux entreprises pharmaceutiques. Il s’agirait là d’un renversement de l’approche actuelle qui s’obstine à créer un climat d’investissement favorable aux entreprises même si celles-ci ne respectent plus depuis longtemps leurs promesses selon lesquelles ces faveurs gouvernementales (fiscales et autres) se traduiraient par d’importants investissements en contre-partie. L’échec est devenu plus patent encore avec les nombreuses fermetures de laboratoires au Québec ces dernières années.

Or, la stratégie actuelle ne nous coûte pas que des emplois. Elle coûte très cher en médicaments. Bien plus d’ailleurs que les pays qui ont une assurance-médicaments universelle qui permet un meilleur contrôle des coûts et qui est bien moins onéreuse à administrer que les régimes privés.

Le sondage Ekos estime par ailleurs que 23% des Canadiennes et des Canadiens se sont retenus au moment de se procurer un médicament qui leur avait été prescrit pour un motif économique. C’est un chiffre considérablement plus élevé que ceux qu’on avait jusqu’à maintenant. La proportion est toutefois certainement bien plus faible au Québec étant donné la couverture générale. Au moins, on a ça.

La Coalition canadienne de la santé, qui a commandé le sondage Ekos, organise d’ailleurs aujourd’hui et demain une rencontre importante où se prononceront des intervenant-e-s de différents secteurs (académique, politique, économique) sur cette proposition de régime universel public d’assurance-médicaments. L’événement sera webdiffusé gratuitement sur le site de la Coalition.

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