Turning Point USA et le dangereux héritage de Charlie Kirk
29 septembre 2025
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L’influenceur Charlie Kirk a été abattu le 10 septembre alors qu’il prenait la parole lors d’un rassemblement politique à l’Université Utah Valley. Nouvelle coqueluche de la droite conservatrice américaine, Charlie Kirk était jusqu’à sa mort relativement peu connu du grand public. Sa mort a tout changé. Son assassinat est rapidement devenu un sujet de conversation national attisant les tensions entre progressistes et conservateurs et laissant présager des appels à la vengeance.
L’administration Trump tente maintenant d’utiliser sa mort pour sanctifier le personnage, en faire un martyr, et pour consolider le travail effectué par Turning Point USA (TPUSA), l’organisation fondée par Kirk en 2012. Décrite comme l’organisation politique « à la croissance la plus rapide en Amérique et comme la force dominante du conservatisme sur les campus », TPUSA est l’un des acteurs fondamentaux de la montée de la droite réactionnaire aux États-Unis. Ce texte se penche sur cette organisation en pleine croissance.
TPUSA est un organisme à but non lucratif dont la mission est « d’identifier, d’éduquer, de former et de mobiliser les étudiant·e·s afin qu’ils fassent la promotion de la responsabilité budgétaire, du libre marché et de la limitation des pouvoirs du gouvernement » (traduction libre). Le groupe a été fondé par Charlie Kirk et Bill Montgomery. Montgomery, un cadre du marketing à la retraite, a été le premier à investir dans ce projet politique et a joué le rôle de mentor pour Kirk jusqu’à son décès en 2019 à la suite de complications liées à la COVID-19. Au moment d’écrire ces lignes, les deux fondateurs de TPUSA sont donc décédés.
C’est à partir de 2016 que TPUSA commence à faire parler d’elle par l’entremise des controverses qu’elle provoque sur les campus étudiants. L’organisation acquiert une notoriété nationale pour sa « Liste de surveillance de professeurs », qui vise à dénoncer les professeur·e·s qui « discriminent » les étudiants conservateurs et qui propagent des idées de gauche en classe. Ses tactiques visant à influencer les élections de représentant·e·s étudiant·e·s ont par ailleurs été critiquées. Selon Eliah Bures, chercheur invité au Berkeley Center for Right-Wing Studies, « les campus sont un espace symbolique important pour l’activisme d’extrême droite, puisque les collèges et les universités sont à la fois producteurs et diffuseurs de vérité et de connaissance, et parce qu’ils ont la réputation, à droite, d’être des centres d’endoctrinement libéral ». L’action de TPUSA sur les campus s’apparente à une forme d’activisme et de propagande politique « sur le terrain de l’ennemi » et dépasse le registre d’actions habituel des mouvements conservateurs. TPUSA se distingue en effet de plusieurs organisations conservatrices par sa dimension militante, combative et polémique.
Forte de revenus moyens approchant les 30 millions de dollars américains par an et de son implantation dans plus de 2500 collèges et universités, TPUSA a rapidement attiré l’attention des consultants républicains et des experts du financement politique. La popularité de Charlie Kirk sur les médias sociaux et au sein de la jeunesse a favorisé l’alliance entre TPUSA et certains grands bailleurs de fonds du mouvement trumpiste. Les stratèges conservateurs ont en effet compris dès le milieu de la décennie 2010 à quel point cette organisation pouvait servir les intérêts du conservatisme, du trumpisme et ultimement, du Parti républicain. TPUSA a ainsi reçu 23,6 millions de dollars américains du Bradley Impact Fund entre 2014 et 2023, près de 4 millions de dollars américains du Dark Money Donors Trust entre 2020 et 2023 et près de 1,8 million de dollars américains de la Fondation Deason entre 2016 et 2023.
La mort de Charlie Kirk ne va pas mettre un terme aux activités de TPUSA. Déjà, Erika Kirk, l’épouse de Charlie Kirk et nouvelle directrice de TPUSA depuis le 18 septembre, a juré de ne « jamais laisser mourir l’héritage de son mari ». En date du 24 septembre 2025, on peut voir sur la page d’entrée du site web de TPUSA l’image de Charlie Kirk et un slogan en grosses lettres : « La vision de Charlie. Le futur de l’Amérique. Le combat continue ». Tout de suite en bas de ce message aux accents eschatologiques, on trouve un bouton pour effectuer un don. La popularité de Kirk auprès de la jeunesse conservatrice et des influenceurs de droite est si forte que l’équipe de Donald Trump entend pour sa part en faire un martyr et une icône du mouvement Make America Great Again (MAGA). Tout porte à croire que la sanctification de Kirk servira de levier pour inciter les jeunes à voter lors des élections de mi-mandat en 2026.
De la montée de l’extrême droite et sa menace
Les partisans de Charlie Kirk ne cessent d’en appeler à la liberté d’expression alors qu’ils tentent de faire taire les opposants à ses discours haineux du style que Trump a malheureusement rendu familiers. Ce double discours favorise la montée de l’extrême droite alors que l’on connait depuis le XX ième siècle les torts que celle-ci a causé à l’humanité par la manifestation de l’intolérance.
Je ne suis pas moi-même très tolérant face aux transnationales et à la facilité avec laquelle elles influent sur les gouvernements. C’est ma liberté d’expression qui est en jeu et j’ai, dans ce cas le droit inaliénable de m’exprimer, compte tenu de l’expérience historique du lien qu’ont entretenu les grands patrons allemands avec l’extrême droite lors de l’ascension de Hitler au pouvoir. On peut s’insurger justement contre le lobbyisme comme un dévoiement des institutions démocratiques.
C’est dans ce contexte que j’exhorte les partisans de Charlie Kirk a plus de modestie face à l’histoire de leur mouvement et à considérer l’opposition à ses discours comme une sinécure pour la société démocratique qui leur permet d’exprimer leurs paroles nauséabondes en toute impunité. Car les discours haineux comme ceux d’un Trump envers les immigrants sont censés être punis par les lois qui défendent les libertés démocratiques. Les symboles de leur haine raciale sont interdits dans le pays qui ont connu le nazisme et il est grandement dommage que l’on voit ressurgir de tels discours au plus haut sommet de l’État pour en faire des politiques discriminatoires aux États-Unis sans que cela ne soit dénoncé par les dirigeants actuels des démocraties comme une menace aux institutions de ces sociétés.
Ce serait en fait un minimum que soient stigmatisés pour ce qu’ils sont, i.e. de la propagation de la haine, ces discours odieux contre des boucs émissaires de la détérioration des conditions de vie de la population dans nos pays et dans le monde Si l’on n’y prend garde ce sera toute forme d’opposition qui sera enterrée sous les injonctions de Trump contre la gauche radicale qui ne constitue en réalité une menace que contre ses abus de pourvoir comme on a vu au XX ième siècle et qui ont mené à la catastrophe de la Deuxième Guerre Mondiale.
Si le climat est toxique pour l’extrême droite, sa pertinence devrait être conçue comme un mécanisme de défense des société démocratiques qui n’ont que faire de ce pouvoir en gestation qui les a menacées et contre lequel elles n’ont réagi que trop trad alors que les droits ont été engloutis derrière des sociétés sclérosées qui n’avaient plus pour évoluer que la violence des institutions figés par le pouvoir dictatoriale.
Avant que l’extrême droite ne conquiert un pouvoir définitif qui est antagonique avec la démocratie, il faudrait un sursaut des peuples de ces systèmes de manière que soient préservé les droits fondamentaux élémentaires qui font des démocraties ce qu’elles sont : des endroits où la tolérance fait foi de valeur importante pour préserver la qualité des débats.
L’intolérance d’un meurtrier comme Tyler Robinson, aussi déplorable soit-elle, devrait être perçue comme le réflexe d’un individu qui sent menacée l’intégrité de sa société par des propos tendant à en dissoudre l’essence même. Dans ce sens les appels à la tolérance des propos d’un Charlie Kirk sont hypocrites et contribuent à la montée de l’extrême.
Guy Roy, syndicaliste à la retraite
103-4 de Bienville, Lévis, QC G6V 0K5 Tél. : (418) 834-4344
Comment le libertarien Donald Trump s’aveugle sur les problèmes et leurs solutions
Les propos de Donald Trump à l’ONU concernant l’immigration mettent en lumière son ignorance de la crise des migrants. Cette crise mondiale est principalement due à la pauvreté dans les pays sous-développés, poussant les gens à fuir leurs conditions de vie précaires pour chercher des opportunités dans des pays plus développés. Une solution à l’endiguement des migrations réside dans le développement. Cependant, l’Aide Publique au Développement a diminué dans les pays du Nord, aggravant ainsi la paupérisation dans le Sud et accentuant les flux migratoires
Trump, lui, attribue ces migrations seulement à des bandes criminalisées, escamotant ainsi les causes réelles du problème et ignorant les solutions.
La Chine, elle, propose des stratégies de développement aux pays du Sud global, contrairement à de nombreux pays touchés par les migrations. L’ONU, par ses programmes structurants, propose des solutions, mais Trump s’attaque à cette organisation, aggravant ainsi les relations internationales d’entraide.
Il faut appeler à une dénonciation des politiques libertariennes de Trump, soulignant que le problème des migrations est politique et nécessite des prises de position courageuse
Il n’y a qu’une dénonciation à tous les échelons de la société américaine et dans le monde de ces politiques libertariennes qui viendra à bout du problème. On n’est pas tiré du péril si on continue les politiques de laisser faire face aux tendances de fond qui assaillent l’humanité. C’est un problème politique que les politiques de tous les pays doivent prendre à bras le corps pour que cesse l’aveuglement devant les crises qui menacent l’humanité dans son entièreté. Il n’y a pas de solutions magiques. Le libertarisme d’un Trump doit être pris pour cible par tout ce qu’il y a d’honnête et de courageux dans le monde politique.
Guy Roy
103-4 de Bienville, Lévis, QC G6V 0K5 Tél. : (418) 834-4344
Je voudrais attirer votre attention sur le livre de Claude Vaillancourt, “La fin du néolibéralisme” que vous connaissez peut-être. En fait le virage à droite de la CAQ ressemble à une adhésion nouvelle à ce libertarisme dont parle Vaillancourt et dans son penchant pour des thèmes liés au Parti Conservateur du Québec. Duhaime est une libertarien et Legault semble vouloirs s’attirer des votes de ce parti en ascension. Il a déçu dans Arthabasca, mais a eu l’audace de se présenter comme une alternative. Souhaitons qu’il n’entre pas à l’Assemblée Nationale où il aurait une tribune et plus d’attention des journalistes friands de ce genre de discours radical soi-disant pour lui donner une chance..