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Que veut dire vivre de son art?

16 avril 2015

  • FF
    Francis Fortier

Nous avons souvent une conception très glamour du travail des artistes, en particulier celles et ceux du secteur de l’audiovisuel quand on pense au cinéma et à la télévision. Nous les voyons dans des galas avec robes griffées ou encore sur la couverture de notre magazine favori lorsque nous attendons patiemment en file pour payer notre épicerie.

Au-delà de cette image superficielle que nous offrent les médias, nous sommes très peu au fait de la réalité complexe du travail au sein de ce milieu artistique. Dans une note de recherche intitulée « Le travail des artistes au Québec est-il payé à sa juste valeur? », l’IRIS présentait la situation particulière du travail des artistes et artisan.e.s de l’audiovisuel. Un précédent billet de blogue évoquait l’investissement en temps et en argent de ces artistes et artisan.e.s et la place qu’occupait cet investissement dans le dynamisme de la production culturelle au Québec. Nous en étions au point de nous demander légitimement si les personnes travaillant dans le milieu ne sont pas devenues leur propre mécène. Aujourd’hui, nous présentons un autre aspect méconnu de l’organisation du travail dans le secteur de l’audiovisuel, soit l’occupation de multiples emplois.

Avant d’exposer la problématique particulière de l’emploi multiple chez les artistes et artisan.e.s de l’audiovisuel, prenons le temps de dresser un rapide portrait des revenus. Tel que le montre la note de recherche, le revenu médian des artistes et artisan.e.s de l’audiovisuel, se situait environ à 30 000$ par année. Notons que le revenu médian de la population active pour l’ensemble des secteurs d’activité était d’environ 37 500$. La différence est importante, surtout que le nombre d’heures travaillées est sensiblement le même. Mais l’une des choses à noter, c’est que de ce 30 000$, l’ensemble des revenus ne provient pas du travail directement lié à la pratique culturelle. Pour pouvoir vivre tout en travaillant dans le domaine de l’audiovisuel, très peu de personnes réussissent à « vivre de leur art ».

Toujours dans cette note de recherche de l’IRIS, nous exposions qu’environ 65% des répondant.e.s se devaient d’avoir des sources de revenus autres que des projets menant à une production audiovisuelle. Deux artistes ou artisan.e.s sur 3 doivent se trouver d’autres sources de revenus, qui peuvent être liées à leur pratique culturelle, comme enseigner. Mais toutes et tous ne vivent pas cette réalité d’avoir un emploi lié à leur art. C’est environ une personne sur deux ayant des revenus autres que des projets culturels qui doivent travailler dans un emploi qui n’est pas lié à leur art. Cela peut être de travailler dans un bar ou à la pharmacie, par exemple. Beaucoup de personnes travaillant dans le milieu de l’audiovisuel au Québec, ne peuvent non seulement pas en vivre, mais doivent occuper plusieurs emplois qui n’ont souvent aucun lien avec le milieu. Cette réalité du travail de l’audiovisuel est moins glamour que ce que nous sommes habitués de voir ou de nous faire présenter.

C’est la réalité spécifique d’une organisation du secteur de l’audiovisuel qui tend à précariser la situation du travail des artistes et artisan.e.s en leur demandant d’occuper plusieurs emplois afin de vivre de leur art.

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