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Pour un salaire minimum à 15,10 $/heure

1 mai 2016

  • Philippe Hurteau

Dimanche prochain, le salaire minimum sera haussé à 10,75 $/heure. On peut s’en réjouir, mais pourtant nous sommes loin de la coupe aux lèvres. Malgré l’augmentation annoncée, il manquera encore 4,35 $/heure au salaire minimum pour permettre une sortie de la pauvreté.

Comprenons-nous bien, la pauvreté demeure une réalité bien présente pour bon nombre de salarié·e·s. En fait, au Québec, c’est un peu plus de 25 % des travailleuses et des travailleurs qui vivent cette réalité. Calculer le niveau du salaire minimum en fonction des besoins de ceux-ci permet de nous donner une idée plus claire du niveau que ce salaire devrait atteindre.

Le salaire viable, que l’on désigne souvent par living wage, c’est le calcul du montant nécessaire à un ménage pour combler ses besoins de base et avoir une petite marge de manœuvre afin de se sortir de la pauvreté. Ce salaire viable, calculé selon différentes villes et différentes situations familiales, équivaut donc à ce que devrait donner un emploi à temps plein pour que travailler ne rime plus avec pauvreté.

Salaire viable selon 5 villes et 3 situations familiales

Ville/Situation Personne seule Parent monoparental avec un enfant Deux adultes t à temps plein avec deux enfants
Montréal 15,78$ 12,64$ 13,98$
Québec 15,42$ 12,31$ 13,72$
Sept-ÃŽles 19,58$ 19,32$ 16,33$
Trois-Rivières 13,70$ 10,75$ 11,79$
Saguenay 18,11$ 17,60$ 15,68$

Il s’agit en fait de situer un niveau de vie décent et de se demander combien les gens doivent-il gagner pour l’atteindre. Quand on fait la moyenne de tous les salaires viables calculés, on arrive à 15,10 $ comme salaire viable national. Il manque donc 4,35$ de l’heure pour que le salaire minimum au Québec permette réellement aux gens de combler leurs besoins de base tout en ayant les ressources nécessaires pour améliorer leur sort.

Plusieurs diront qu’une hausse substantielle du salaire minimum n’est pas nécessaire, principalement parce qu’il serait uniquement question d’augmenter les salaires d’étudiant·e·s. L’idée est simple, puisque travailler au salaire minimum n’est qu’une réalité passagère, ce n’est pas vraiment nécessaire de l’augmenter. Les faits ne sont pas si simples. Non seulement plus de 25 % des salarié·e·s font moins de 15$/h, mais 59 % d’entre eux sont âgés de plus de 25 ans. En clair, établir le salaire minimum au niveau du salaire viable, c’est surtout aider à sortir de la pauvreté de nombreuses familles dont il s’agit du principal revenu.

Laisser le salaire minimum dans son état actuel revient à demander aux salarié·e·s les plus pauvres de sacrifier leur qualité de vie. Ce sacrifice n’est ni nécessaire ni utile. En fait, on peut se demander si le Québec a les moyens de l’inaction en ce qui a trait au salaire minimum. Une hausse importante du salaire minimum ne serait pas seulement une bonne chose pour les gens directement concernés, mais aurait un impact direct sur l’ensemble des salaires. Aussi, il a été démontré qu’une telle hausse peut s’avérer une bonne politique de stimulation économique, principalement dans des économies basées sur la consommation des ménages comme la nôtre. En plus, cela peut être bénéfique pour la santé publique puisque le niveau de revenu est un déterminant de santé important.

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