Hausse du chômage des jeunes : la faute à l’immigration?
5 juin 2025
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De récents reportages parus sur le site de Radio-Canada font état des difficultés que rencontrent de plus en plus de jeunes à se trouver un emploi, l’angle emprunté dans ces articles pouvant laisser entendre que le contexte leur est particulièrement défavorable. Sont évoqués pour expliquer la situation le « contexte politique et de l’incertitude économique » ainsi que « [l]’augmentation de la population au cours des dernières années ». Une analyse historique des données offre cela dit une autre perspective sur la situation. Pour les fins de l’exercice, nous nous pencherons plus spécifiquement sur le cas du Québec.
Les jeunes en bonne position sur le marché du travail
Au Québec (comme au Canada d’ailleurs), le taux de chômage est en hausse chez les jeunes de 15 à 24 ans depuis 2023 (+28%), tout comme il l’est depuis 2022 pour les 25 à 44 ans (+35%) et les 45 à 64 ans (+11%). À 9,5% en 2024, il s’agit toutefois du 5e plus faible taux de chômage pour les 15-24 ans depuis 1976. Il est donc évident que les jeunes ont plus de peine à se trouver un emploi qu’en 2022, lorsque les entreprises affichaient des taux records de postes vacants, mais le contexte est beaucoup moins pénible qu’en 1982 et en 1983, quand le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans s’élevait à plus de 20 %. La situation des jeunes Québécois·es sur le marché de l’emploi s’est même améliorée par rapport à celle des jeunes Canadien·ne·s, qui affichent un taux de chômage plus élevé depuis 2009.
Un autre indicateur nous permet de conclure que la situation des jeunes sur le marché du travail est bonne. Il s’agit du taux d’emploi des personnes de 15 à 24 ans, qui a suivi une tendance à la hausse depuis les années 1970 au Québec. 62,1% d’entre elles occupaient un emploi en 2024, contre un niveau historiquement bas de 45,3% en 1997. Au Canada, le taux d’emploi des jeunes a plutôt connu une légère baisse entre 1976 et 2024, s’élevant l’an dernier à 54,8%. Notons que le taux de participation aux études a lui aussi augmenté pendant la même période, et que le Québec et le Canada affichaient des taux similaires en 2024 pour la population âgée de 15 à 29 ans.
Un marché du travail aussi favorable aux personnes immigrantes
Nous avons vu que les jeunes faisant partie des employé·e·s les plus récemment entrés sur le marché du travail, leur taux de chômage est toujours plus élevé que celui de la population en général. C’est vrai aussi des personnes immigrantes, et plus particulièrement des immigrant·e·s récent·e·s, qui font aussi partie du personnel embauché en dernier. À ce propos, on constate également depuis 2022 une hausse plus forte du taux de chômage des immigrant·e·s reçu·e·s (+31%) que de celui des populations nées au Canada (+23%).
Mais là encore, à 7,6% en 2024, il s’agit du 5e plus bas taux de chômage observé pour cette catégorie de la population depuis 2006 (données les plus anciennes). C’est le cas même pour les personnes arrivées il y a moins de 5 ans, dont le taux de chômage s’élevait à 11,3% l’an dernier, soit près de deux fois moins que le sommet de 21,8% atteint en 2009 dans la foulée de la crise financière et économique de 2008.
On peut dire en somme que la situation économique actuelle, même si elle est marquée par une certaine incertitude en raison des menaces tarifaires (et avant cela en raison des hausses répétées du taux directeur en 2022 et 2023), n’a rien à voir avec les récessions que le Québec a vécues et qui ont affecté de manière importante les travailleurs et les travailleuses récemment entré·e·s sur le marché du travail.
Est-ce à dire que le bond dans le nombre de travailleurs et de travailleuses temporaires admis·es depuis 2022 n’a pas d’effet sur le taux de chômage des jeunes et de la population en général? Pas nécessairement, mais à première vue, les difficultés qu’éprouvent certains jeunes à se trouver un emploi semblent davantage liées au contexte économique global qu’aux tendances démographiques récentes. D’ailleurs, le fort taux d’activité de la population active au Québec, qui atteignait en 2024 68,6% pour les 15 à 24 ans et un record de 81,7% pour les 15 à 64 ans, témoigne d’une situation plutôt favorable pour toute la population active, même les jeunes et les personnes issues de l’immigration. Avant de crier panique, il faudra donc attendre de voir comment évolue l’économie dans les prochains mois et années.
Il manque un bout de phrase ici :
La situation des jeunes Québécois·es sur le marché de l’emploi s’est même améliorée par rapport à , qui affichent un taux de chômage plus élevé depuis 2009.
Une autre coquille ici :
“À ce propos, on constate également depuis 2022 une 31%) que de celui des populations nées au Canada (+23%).”
Merci, c’est corrigé!