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La semaine de travail de 4 jours et une économie qui va dans le sens du bien-être des travailleuses et des travailleurs

26 mai 2023

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4min

  • Minh Nguyen

Il y a quelques semaines, les résultats sans équivoque d’un sondage mené auprès des travailleuses et des travailleurs canadien·ne·s ont largement circulé sur la toile. Selon le coup de sonde réalisé pour le compte d’un site de web de recherche d’emploi, 95 % des Québécois·es sont intéressé·e·s par la semaine de travail de quatre jours. Cela dit, cette question a été abordée par l’IRIS il y a 7 ans déjà.

En effet, dans « Cinq chantiers pour changer le Québec », publié en 2016, l’IRIS avait entre autres proposé de faire passer en 4 ans la semaine de travail normale de 40 heures à 32 heures, et ce sans perte de salaire. L’objectif de cette mesure était d’améliorer le bien-être des travailleuses et des travailleurs. En effet, en travaillant 40 heures par semaine, le reste du temps disponible est généralement accaparé par le soin des enfants, la préparation de repas, les tâches ménagères, les déplacements et le sommeil, laissant peu de temps aux individus pour reprendre leur souffle et prendre soin d’eux. Nous défendions l’hypothèse, à ce moment-là, que la réduction de la semaine de travail aurait pour effet de redistribuer les gains de productivité aux salarié·e·s en leur redonnant du temps dont ils pourraient disposer à leur guise.

Depuis que l’IRIS a formulé cette proposition pour le Québec, plusieurs projets pilotes ont eu lieu à travers le monde. Par exemple, en novembre 2018, Perpetual Guardian, une société de services financiers néo-zélandaise, a réduit la semaine de travail de ses 240 employés de cinq à quatre jours, tout en maintenant leur salaire. La productivité a augmenté pendant les quatre jours travaillés, de sorte qu’il n’y a eu aucune baisse dans la quantité totale de travail accompli.

Plus récemment, durant la seconde moitié de 2022, la semaine de travail de 4 jours a été implantée dans 61 entreprises comptant au total environ 2900 employé·e·s au Royaume-Uni, ce qui en fait la plus grande expérience empirique sur la question. À la fin du projet pilote, une écrasante majorité des entreprises participantes ont décidé de continuer avec des heures de travail réduites.

Sans grande surprise, la plupart des employé·e·s étaient moins stressé·e·s et estimaient avoir atteint un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. 71 % vivaient moins d’épuisement professionnel, 39 % moins de stress et 48 % ont fait part d’une satisfaction plus grande à l’égard de leur travail qu’avant.

John Maynard Keynes prédisait dans les années 1930 que ses petits-enfants ne travailleraient que 15 heures par semaine, soit le lundi et le mardi, et qu’ils bénéficieraient ensuite d'une longue fin de semaine de cinq jours. Si cette prédiction est loin de s’être réalisée, il semblerait que culturellement, la réduction du temps de travail soit revenue dans l’imaginaire collectif. Les résultats du projet pilote britannique démontrent, comme d’autres menés ailleurs, que l’erreur de Keynes ne reposait pas sur un mauvais calcul de la croissance de la productivité : il avait plutôt mal prédit l’incapacité des capitalistes et de la classe politique à penser adéquatement la redistribution des gains de productivité. Or, le choc amené par la pandémie a permis de rendre plus acceptable aux yeux des employeurs une organisation du temps de travail qui répond davantage aux besoins des travailleuses et des travailleurs. Il leur appartient donc de saisir cette opportunité pour faire avancer un chantier qui fera de l’économie du Québec quelque chose qui travaille un peu plus dans le sens de leur bien-être.

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2 comments

  1. Les gains de productivité générés par le développement technologique son au moins de l’ordre de 400% depuis le début des années 1970.

    Pourquoi donc les travailleurs se retrouvent encore avec un horaire de travail qui exige d’eux 40 heures par semaine?

    Le capitalisme monopolistique, couplé à la gestion de la monnaie exige des gains en croissance continuelle et sans fin.

    Les théories financières et commerciales qui prônent encore la croissance infinie sont voués à s’éteindre… Mais cela ne se fera qu’avec douleurs et pertes multiples.

  2. Commencer par 4 jours de 9 heures où c’est simple
    faire 4 jours de 8 heures et 4 heures requises selon la production sur 24 h / jour
    si requis 4 heures de surplus payé es en double .

    mon option fait diminuer les dépenses de travail de 48 jours / an
    pourrait réduire la congestion routière selon les journées choisis
    faciliter la conciliation travail famille

    Pour les emplois à 24/24 7/7 je propose
    les horaires 4 – 3 jours de 12 heures [168 h / 4 sem]
    = possible 2 saisons de jours — 2 saisons de nuits

    Il devient primordial de considérer la pénurie majeure de travailleurs
    200,000 emplois à combler

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