Réquisitionner les GMF pour faire face à la COVID
17 Décembre 2020
Depuis plusieurs semaines, on nous répète que les hôpitaux du Québec sont sur le point d’être débordés par les cas de COVID-19 qui se multiplient. On apprend aujourd’hui que le scénario du pire semble se dessiner dans les hôpitaux montréalais qui, à la veille du congé des Fêtes, sont déjà surchargés par les patient·e·s atteint·e·s de la COVID. La plupart d’entre eux sont aux prises avec des éclosions, et c’est la crainte de rupture de services dans le réseau hospitalier qui explique en bonne partie les sacrifices importants demandés à la population pour la période des Fêtes. Cette attention portée sur les hôpitaux laisse toutefois en suspens une question importante : que font les GMF pour protéger le réseau face au virus?
Face à la crise, et comme toujours lorsque les urgences hospitalières sont sur le point d’être surchargées, on presse la population de « se rendre dans des cliniques plutôt qu’à l’urgence pour des problèmes de santé mineurs ». Contrairement à ce qui est sous-entendu par ces recommandations, la plupart des gens comprennent très bien qu’il est préférable d’aller à la clinique que d’attendre des heures à l’urgence la veille de Noël. Cependant, durant la période des Fêtes, il est généralement encore plus difficile qu’en temps normal d’obtenir un rendez-vous d’urgence dans une clinique de quartier puisque plusieurs d’entre elles réduisent leurs heures d’ouverture ou ferment carrément leurs portes. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les urgences des hôpitaux sont toujours surchargées durant cette période.
Dans ce contexte, il serait utile de savoir dans quelle mesure les groupes de médecine de famille (GMF) ont été mobilisés pour faire face à la vague de COVID-19, et notamment à celle qui s’annonce pour la période des Fêtes. Combien sont ouverts pour toute la période? Combien ont bonifié leurs heures d’ouverture pour participer à l’effort requis par tout le réseau de la santé? Parmi ceux qui sont ouverts, combien offrent eux-mêmes les services durant les heures d’ouverture affichées sur leur site?
Il faut savoir qu’une proportion importante des GMF, dont une des missions principales est pourtant de désengorger les urgences des hôpitaux, conclut des « ententes de services » pour qu’une partie des services qu’ils sont censés assurer soit en fait offerte par d’autres établissements, comme… les urgences des hôpitaux!
Les médecins de famille du Québec n’ont pas voulu intégrer les CLSC; ils voulaient plutôt que leurs cliniques privées soient les principales responsables de la première ligne au Québec. C’est ce qu’ils ont obtenu avec les GMF.
Si, dans le contexte de crise actuelle, les GMF sont incapables d’assumer les responsabilités que ce rôle implique et de servir de rempart aux hôpitaux face à la vague de COVID-19, ils feront de nouveau la preuve qu’il est urgent de véritablement intégrer les services médicaux de première ligne dans le secteur public.
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