1er juillet : pas de quoi fêter pour les locataires
2 juillet 2014
Comme à chaque année, la Fête du Canada coïncide avec le festival du déménagement, une célébration typiquement québécoise. Au menu de la journée, pour les plus chanceuses et les chanceux : chaleur, boîtes lourdes, électro encombrants, quelques fous rires entre ami.e.s, bière et pizza. Par contre, l’échéance de la fin des baux riment encore trop souvent avec des familles à la rue, incapable de se trouver un logement adéquat et abordable.
La situation du logement a beau s’être améliorée depuis quelque temps, la crise qui a frappé le marché locatif durant toute la décennie qui a suivi l’an 2000 s’étant quelque peu résorbée, rien n’est encore parfait. Encore cette année, les loyers de trois chambres et plus, dans les centres urbains québécois, affichent un taux d’inoccupation de seulement 2,3 %, soit bien en-dessous du seuil d’équilibre de 3 %. La réalité des familles à faible revenu qui cherchent un logement ne s’améliore donc pas. En plus de devoir se démener pour trouver l’un des rares appartements disponibles, elles doivent également assumer une hausse moyenne de leur loyer à payer de 23 $ (2,8%).
Les larmes de crocodile de l’Association des propriétaires
Globalement toutefois, la situation du marché locatif se stabilise depuis 2 ou 3 ans. Avec un taux d’inoccupation à 2,9 %, on atteint même le seuil d’équilibre. Derrière ces chiffres rassurant au niveau national, se profilent des réalités régionales qui demeurent inquiétantes. Tandis que Montréal (2,7 %) et Québec (1,8%) ont, cette année, enregistré une diminution des logements disponibles, la situation de pénurie extrême persiste en Abitibi (Val D’Or : 0,2 %, Rouyn-Noranda : 0,2) et à Sept-Îles (1,0%).
Taux d’inoccupation des logements locatifs au Québec, 1992-2014
Source : Rapport sur le marché locatif – Faits saillants Québec, SCHL, 1992-2014.
Nous vivons donc une période de stabilisation, mais pourquoi les problèmes récurrents de disparité persistent dans le marché locatif? Les logements demeurent trop peu nombreux quand vient le temps de loger des familles, ils demeurent trop chers pour plusieurs et certaines régions fortement dépendantes des fluctuations de l’industrie minière ne parviennent tout simplement pas à sortir la tête de l’eau. Si c’est à cela que ressemble un « marché stable », c’est à se demander si laisser au soin de l’initiative privée le devenir du parc locatif québécois est une idée bien sage.
Justement, les promoteurs de ce marché privé, qu’ont-ils à dire pour s’expliquer? Sans grande surprise, pas grand-chose. Pendant que des gens sont mal-logés, l’Association des propriétaires du Québec (APQ) organise un concours de photos auprès de ses membres afin que ceux-ci puissent faire voir l’état déplorable de certains logements suite à un déménagement. Autre priorité de l’APQ, faire disparaître la « clause G » des baux afin d’empêcher un nouveau locataire de savoir le prix que payait la ou le locataire précédent.
Bref, l’APQ veut dépeindre ses membres comme de pauvres victimes de locataires malveillants devant, en plus, survivre avec des règles qui les désavantagent. Malheureusement pour ce regroupement de propriétaires de logements locatifs, la réalité est tout autre. Bien entendu, tous les locataires du Québec ne sont pas des modèles d’esprit civique, mais les faits – et non les intérêts corporatifs d’un groupe particulier – démontrent plutôt que l’évolution récente des prix de marché a été tout à l’avantage des propriétaires.
De 1999 à 2014, le prix des loyers a connu des hausses régulières. Durant l’ensemble de la période, nous parlons d’une majoration de 6,5 points de pourcentage au-delà de l’inflation. Pendant que les revenus des locataires stagnent, rien, dans l’offre de logement, n’est venu justifier une telle augmentation.
Permettre aux nouveaux locataires de connaître le prix payé par leurs devanciers, c’est simplement leur permettre de ne pas se faire flouer. Si, comme le disent les propriétaires, signer un bail représente une négociation contractuelle comme une autre, vouloir systématiquement cacher de l’information à l’un des deux contractants a toutes les apparences de la tricherie.
D’un autre côté, une solution simple existe afin de régler ce problème. Avec un registre provincial des baux, plus besoin d’inscrire le prix payé par l’ancien.ne locataire…