Icône

Aidez-nous à poursuivre notre travail de recherche indépendant

Devenez membre

Lock-out de la LNH et théorie néo-classique : le retour des Nordiques en danger

22 octobre 2012

  • Philippe Hurteau

Le lock-out de la Ligue nationale de hockey (LNH) ne semble pas en voie de prendre fin. Il s’agit en fait du troisième conflit de travail qui, depuis la saison 1994-1995, oppose la LNH à ses joueurs. Avec 468 matchs annulés lors du premier conflit et une saison complète lors du second, l’obsession du commissaire Bettman à vouloir « casser » les joueurs afin de sauver les franchises moribondes du sud des États-Unis commence à peser lourd sur le moral de l’amateur de sport moyen.

Face à cet enjeu d’intérêt national, certains s’attendent à une analyse des répercussions négatives pour les bars et les restaurants ou encore une réflexion profonde sur la recrudescence des discussions politiques en famille faute de quatrième trio pour meubler les conversations (tout ça, c’est encore sans compter le bouleversement des débats lors des émissions sportives).

Mais de notre point de vue, il s’agit là de manières convenues d’étudier la question. Ce conflit qui oppose certaines des grandes fortunes nord-américaines à une association de grands enfants multimillionnaires ne mérite pas que l’on s’y attarde avec trop de sérieux. Je vous propose plutôt, avec une dose de légèreté, de m’inspirer des travaux de nos collègues de l’Institut économique de Montréal (IEDM) afin d’analyser l’impact du lock-out sur les chances d’un éventuel retour des Nordiques à Québec.

Comprenons d’abord que pour assurer la pérennité des équipes actuellement en difficulté (Colombus, Tampa Bay, la Floride, Nashville, la Caroline, Phoenix et les Islanders), la LNH veut revoir le partage des revenus entre les joueurs et les équipes, mais aussi mettre en place un fonds de redistribution des revenus de la ligue.

Selon l’offre soumise par la Ligue le 17 octobre, les 10 équipes les plus riches sont appelées à cotiser dans un fonds pouvant s’élever à 200 millions $ et devant servir à venir en aide aux équipes plus pauvres. Comme le relèverait certainement l’IEDM si on lui posait la question, une telle logique redistributive ne va pas sans effet pervers (et d’ailleurs, nos Expos n’ont pas bénéficié de telles largesses alors qu’ils étaient à l’agonie…).

En effet, ce « socialisme de marché » proposé par la LNH vise à sauver des équipes sans base partisane – essentiellement des équipes du sud des États-Unis – et ainsi empêcher leur rachat et transfert à des villes plus au nord. Peut-être inspiré par le modèle québécois, le commissaire Bettman s’entête avec ses idéaux égalitaristes qui, comme vous le confirmerait n’importe quel libertarien, vont contre la nature des choses. Greffer et maintenir artificiellement en vie des équipes de la LNH là où il n’y a pas d’hiver, c’est un peu comme former une équipe jamaïcaine de bobsleigh : il arrive un moment où il faut savoir reconnaître son échec et laisser mourir ce qui doit mourir, peu importe qu’il s’agisse de la Grèce, de General Motors ou des Blue Jackets de Colombus.

Poussons le raisonnement plus loin. La Ville de Québec construit un nouvel aréna dans l’espoir d’attirer une équipe dans la Vieille capitale. Mais étant donné la corruption de l’idéal de libre-marché au sein de la LNH, le « Nouveau colisée », érigé à grand renfort de fonds publics, risque maintenant de demeurer vacant. C’est dire comment le modèle d’affaires préconisé par le circuit Bettman, en plus de pousser à des conflits à répétion entre les joueurs et les propriétaires, repose sur une stratégie qui n’a pas d’avenir. L’entêtement à vouloir développer le hockey dans le Midwest et dans la Sun Belt, en plus de déjà nous priver des accomplissements de Scott Gomez, risque d’empêcher tout retour des Nordiques.

Les théories néoclassiques nous enseignent que nous nous privons actuellement d’une saine concurrence, que nous décourageons la compétitivité et que vous, moi et Régis Labeaune payons le prix fort pour cette mauvaise gestion.

Dommage, de surcroît, que sur le plancher des vaches, celui où l’on va poursuivre nos besognes quotidiennes lorsque la sirène aura sonné la fin du match, le contribuable moyen soit celui qui écopera de la facture et ce, qu’il soit fan ou non.

Icône

Restez au fait
des analyses de l’IRIS

Inscrivez-vous à notre infolettre

Abonnez-vous