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Les fédérations médicales ne manquent pas de culot

19 septembre 2016


Cette semaine, une rare bonne nouvelle nous est venue de Québec. Le gouvernement, son ministre de la Santé en tête, a annoncé son intention d’éliminer les frais accessoires que les médecins exigent de leurs patients en clinique privée. Ces frais illégaux ont été tolérés de nombreuses années, mais il semble bien qu’avec le tollé général que suscitent les augmentations de la rémunération générale de ces mêmes médecins, il devenait de plus en plus difficile de fermer les yeux.

Donc voilà, nos distingués médecins ont facturé aux Québécois et aux Québécoises des frais illégaux. Pour vous donner une idée, et selon les données du ministère de la santé, les médecins facturaient 83 M$ pour des services d’une valeur de 10 à 13 M$. Une pratique inacceptable qui devrait prendre fin en janvier et il faut s’en réjouir.

On aurait pu penser qu’en se faisant prendre la main dans le sac, les médecins auraient humblement accepté ce changement, surtout qu’aucune punition ni exigence de remboursement de leur sera imposée.

Après s’être fait servir une volée de bois vert sur la question des frais accessoires, les fédérations médicales sont aussitôt reparties en croisade. Cette fois, elles y vont de menaces : si les médecins ne sont pas compensés pour la perte de ces revenus (des revenus illégaux!), des cliniques privées pourraient fermer, ce qui engorgerait encore plus le réseau public de la santé. En clair, si vous ne légalisez pas les revenus que nous nous sommes arrogés de force et illégalement, cela risque de vous coûter plus cher encore.

Ce genre de menace serait normale si elle provenait de la mafia ou d’un quelconque groupe criminel, mais que les médecins s’abaissent à ce niveau de chantage est pour le moins scandaleux et doit être dénoncé. Sur le principe, il est déplorable que les médecins réclament une négociation sur la fin d’une pratique illégale. Un Hell’s Angels arrêté pour traffic de drogue va-t-il demander une compensation aux services politiques pour perte de revenu ? Lorsque le gouvernement fédéral aura légalisé le cannabis, faudra-t-il compenser les trafiquants?

Dans la situation présente, les médecins québécois peuvent déjà compter sur des revenus 12 % supérieurs (en tenant compte du coût de la vie) à ceux de leurs homologues ontariens. Entre 2010 et 2020, pendant que les Québécois·e·s auront subi une austérité sans précédent qui les prive de services publics parfois élémentaires, qu’ils se seront vu imposer des hausses de tarifs, les médecins auront pratiquement doublé leurs revenus (+88%). En 2004, la rémunération moyenne des médecins était déjà six fois supérieure à celle de la moyenne des salarié·e·s québécois·e·s. L’augmentation fulgurante des dernières années a augmenté cet écart et la rémunération moyenne d’un médecin spécialiste est aujourd’hui supérieure à 450 000$ alors celle d’un omnipraticien s’approche des 300 000$.

Non contents de déjà faire partie du 1 % des plus riches, le tout en se payant par le trésor public, les médecins ne veulent même pas abandonner ne serait-ce qu’un once de leur privilège.

Ceci est déplorable.

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