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La pauvreté alimentaire: l’autre visage des inégalités

23 janvier 2014

  • FF
    Francis Fortier

Ces dernières années, la question de savoir si les écarts de richesse dans la population québécoise s’accentuent ou s’amenuisent fait à la fois les manchettes et, surtout, fait débat. Toutefois, lors de ces débats, les différentes positions limitent leur réponse aux revenus. L’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal a publié un rapport il y a quelques années qui apportait un tout autre regard face aux inégalités de revenus. Dans ce rapport, l’évolution de l’espérance de vie entre des quartiers riches et d’autres plus défavorisés de Montréal est analysée. L’espérance de vie a augmenté pour tous et donc, l’écart d’espérance de vie entre les riches et les pauvres est demeuré stable. Cependant, cette stabilité n’est pas très réjouissante, on parle d’une différence de 11 ans d’espérance de vie entre certains quartiers. Il y a donc des impacts beaucoup plus larges et importants que le simple fait d’une inégalité des revenus, lorsque l’on parle d’écart de richesse. On pourrait réduire le débat en disant que la pauvreté est moins pire ici qu’ailleurs, ou encore qu’il y a une culture de la malbouffe qui serait le corolaire de la précarité. Et si la bonne nutrition était plus un problème systémique qu’une question de choix personnel ou culturel? Ce qui expliquerait en partie l’écart de l’espérance de vie entre les riches et les pauvres.

Plusieurs facteurs expliquent l’accès plus difficile à certains aliments en situation de précarité :

Il y a évidemment des considérations économiques qui font en sorte que le prix des aliments a grimpé plus rapidement que l’Indice des prix à la consommation (IPC) au cours des dernières années. De 2007 à 2012, il y a eu une hausse de 19% alors que l’IPC faisait un bond de 10%. De plus, le salaire minimum a augmenté moins rapidement que le prix des aliments. Évidemment, bien que tout le monde soit touché, les personnes vivant dans une situation de précarité le sont davantage.

Il y a également les déserts alimentaires. Globalement, ce sont des zones dans lesquelles l’accès à des aliments sains n’est pas possible à distance de marche. En général, ces déserts sont situés dans des quartiers qui possèdent les plus basses espérances de vie, donc les plus pauvres. Les répercussions sont importantes. Souvent, ce sont des dépanneurs qui comblent le vide et vendent les aliments plus cher que les grandes surfaces.

Quand il y a des épiceries dans les quartiers plus défavorisés, celles-ci font des mises en marché différentes que dans les autres quartiers. Évidemment, il va coûter plus cher de faire son épicerie en début du mois qu’à n’importe quel autre moment, simplement parce qu’il y a moins de rabais. De plus, une recherche détaillée expose que la manière de présenter les produits dans les quartiers plus défavorisés fait moins de place aux produits considérés comme sains et seront vendus un peu plus cher que dans les quartiers plus riches.

Donc, en plus des inégalités qui continuent de croître au Québec, d’une espérance de vie plus basse pour les personnes vivant dans la pauvreté, nous laissons des quartiers complets dans l’insécurité alimentaire.

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