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La CAQ au pouvoir

3 octobre 2018

  • Julia Posca

Voici donc venue l’heure de François Legault et de la Coalition avenir Québec (CAQ), un parti né fin 2011 après avoir absorbé l’Action démocratique du Québec (ADQ). Le doyen de l’Assemblée nationale est maintenant aux commandes et, fort d’un gouvernement majoritaire, il a les coudées franches pour imprimer sa marque sur la société québécoise.

Alors que le Parti libéral (PLQ) laisse un État affaibli à son successeur, le parti pris pro-marché de François Legault et de sa formation politique rend inévitable la poursuite du programme néolibéral défendu avec conviction par Jean Charest et Philippe Couillard depuis les quinze dernières années.

La préférence de M. Legault pour la maternelle 4 ans et celle de la députée de Louis-Hébert, Geneviève Guilbault, pour les garderies privées laisse  entrevoir, à cet effet, des jours sombres pour les centres de la petite enfance pourtant réputés pour leur qualité supérieure et leurs effets positifs sur la lutte à la pauvreté.

La volonté exprimée d’abolir des postes dans la fonction publique rappelle la réingénierie de Monique Jérôme-Forget, qui s’était elle aussi empressée en 2004 de « dégraisser » l’appareil d’État. La perte d’expertise qui en a résulté a été dommageable, et une nouvelle baisse d’effectif risque de porter un dur coup à une main-d’œuvre sans qui les services publics ne peuvent fonctionner adéquatement, et les programmes sociaux du gouvernement être appliqués de manière efficace.

Bien que l’économie tourne encore à plein régime en 2018, le Québec sera probablement affecté par les soubresauts de l’économie américaine et pourrait frapper un mur dans les prochains mois. Il est probable que la CAQ choisisse alors, comme l’a fait à tout coup le PLQ, de réactiver le fameux cycle de l’austérité. Face à une baisse inévitable des revenus gouvernementaux en temps de ralentissement économique, on plaidera qu’il est nécessaire d’effectuer des compressions dans les dépenses publiques afin d’éviter les déficits.

Les années de vaches maigres pourraient cependant être plus longues si la crise est persistante. Certes, en sous-finançant les services publics, le gouvernement dégagera éventuellement une marge de manœuvre qui lui permettra de procéder à des baisses d’impôt ; ce choix ne fera toutefois que creuser un nouveau trou dans les finances publiques et la CAQ risque de vouloir le combler en augmentant les tarifs en tout genre.

On pourrait se demander comment, dans un tel contexte, le gouvernement de la CAQ pourra-t-il faire les investissements nécessaires pour lutter efficacement contre les changements climatiques. Ce serait oublier que le parti de François Legault n’a à aucun moment démontré sa volonté d’amener le Québec sur la voie d’une indispensable transition économique et écologique. Pire, la CAQ souhaite continuer l’exploration et l’exploitation gazière et pétrolière, en ayant recours, s’il le faut, au controversé procédé de fracturation hydraulique.

Au fond, ce n’est que sur le plan des relations avec les personnes immigrantes que le gouvernement Legault risque de trancher avec le PLQ. La victoire de la CAQ témoigne, à ce chapitre, d’une certaine normalisation inquiétante de la vision négative de l’immigration que colporte le parti de droite.

En clair, les années à venir mettront à l’épreuve le modèle québécois de solidarité sociale autant que l’économie du Québec qui, en dépit des apparences qu’il se plaît à entretenir, risque d’être plombée par les choix archaïques de François Legault.

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