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Où s’en va l’Union Européenne?

27 février 2012


La crise économique et politique qui frappe la Grèce est intimement liée à l’avenir de l’Union européenne (UE). Présentée comme la première grande crise que traverse l’union, sa résolution est d’autant plus importante qu’elle pourrait devenir le modèle duquel s’inspirer pour régler les prochains chamboulements. Deux questions de fonds ressortent : doit-on sortir la Grèce de l’euro? À quel point l’Union Européenne devrait-elle pousser son intégration politique?

Acropolis, adieu?

Nombre de commentateurs (par exemple : ici et ) affirment qu’il faut maintenant que la Grèce quitte l’euro. Les arguments tiennent surtout sur deux volets, un moral, l’autre économique. L’argument moral soutient que les Grecs abusent de l’aide européenne qui vient, au final, payer pour des années de dépenses inconsidérées. Oui, diront ceux-là, les Grecs ont en partie été victimes de gouvernement corrompus, mais ils les ont tout de même élus ces gouvernements, alors ils doivent faire acte de contrition et payer pour les pots cassés.

L’argument économique est plus sophistiqué. Si Athènes retourne à une monnaie nationale, celle-ci sera immédiatement dévaluée, et de façon importante. Cette baisse de valeur de la monnaie rendra attrayants les produits grecs pour les pays voisins et permettra une remise sur pied de l’économie à partir d’une base plus saine. Des moments douloureux à venir, certes, mais pour une épuration bienfaitrice de l’économie au final.

Cet argument ne convainc pas tout le monde. Patrick Néhémie souligne qu’une Athènes sortie de l’euro voudrait dire des conséquences socio-économiques désastreuses en Grèce. Plus encore, la Grèce étant largement un pays qui importe des biens, son appareil productif serait incapable de se présenter comme une alternative face à ses voisins. En attendant, les prix élevés des importations frapperaient de plein fouet les moins bien nantis Grecs, tandis que les plus nantis continueraient à épargner en euros…

Guillaume Duval d’Alternatives Économiques signale aussi que les dangers seraient bien importants pour la zone euro elle-même qui vivrait une crise de confiance importante. Si on peut lâcher la Grèce, pourquoi pas le Portugal, l’Espagne…

Plus crucial encore serait la crise que provoquerait une Grèce hors-euro en défaut de paiement. Contrairement à ce que certains peuvent penser, son exclusion de l’euro ne mettrait pas de pare-feu entre la Grèce et le reste du monde. Comme nombre d’institutions bancaires européennes et nord-américaines possèdent soit des titres de dettes grecques soit des assurances sur ces dettes (des CDS – credit default swap) le défaut de paiement pourrait causer un séisme d’une ampleur mondiale.

Une union plus politique?

Au contraire de la politique actuelle de l’Union européenne qui carbure à l’austérité et à la menace, l’économiste Michel Aglietta propose dans son plus récent ouvrage, de changer la façon d’organiser la politique économique Européenne (intéressant de noter qu’il est par ailleurs favorable à une sortie de la Grèce de l’UE).

La proposition d’Aglietta pour l’Europe est simple : « Il faut créer une autorité budgétaire européenne capable de concevoir des politiques pluriannuelles, examinées et approuvées par le Parlement européen. » En d’autre mot, c’est de transformer la Banque centrale européenne en véritable Banque centrale en mesure de mettre en place des politiques économiques. Ainsi, l’euro serait lié à une stratégie de développement économique et non seulement aux variations du marché.

Cette réflexion n’est pas sans rappeler l’avis de Bernard Élie, professeur d’économie à l’UQAM et chercheur-associé à l’IRIS, sur la question. Il en offre une vision simple et accessible dans cette entrevue à RDI Économie.

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