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Les eaux usées des PPP

1 juin 2017

  • Guillaume Hébert

Un autre projet réalisé en partenariat public-privé (PPP) connaît des ennuis majeurs en Angleterre. Il s’agit cette fois du contrat en assainissement des eaux de Manchester. Au cœur des critiques qui ont mené à la résiliation des contrats, on trouve la piètre qualité des installations, les réparations déficientes et un volume d’eau traité insuffisant. La question maintenant est : combien de dizaines d’échecs de PPP devront nous parvenir de l’étranger avant que les autorités ici réagissent?

Il y a dix ans, la région métropolitaine de Manchester s’était engagée dans un PPP d’une valeur de 3,8 milliards de livres sterling (6,5 G$) et d’une durée de 25 ans pour construire et gérer un système d’assainissement des eaux. Or, comme dans plusieurs autres PPP à travers le monde, et en particulier au Royaume-Uni, un partenaire privé rogne sur la qualité des services pour réduire ses pertes ou accroître ses bénéfices.

Dans ce cas-ci, un sous-contractant (Costain) embauché par le consortium privé (Viridor-Laing) a été blâmé à plusieurs reprises pour la lenteur et la piètre qualité des réparations effectuées dans les installations d’assainissement, à tel point que l’administration publique a décidé de mettre un terme à l’entente.

Évidemment, le partenaire privé s’attend maintenant à ce que des « compensations appropriées » soient versées. Fait à noter, même s’il a annoncé des pertes à plusieurs reprises en lien avec sa participation dans le système d’assainissement de Manchester, le sous-contractant Costain rapportait néanmoins en 2016 des profits de 21 %!

Selon une étude publiée cette année par la European Services Strategy Unit, 74 PPP au Royaume-Uni ont été soit rachetés, soit interrompus ou encore connaissent des problèmes majeurs. C’est énorme.

Chaque fois, les déboires font écho à des problèmes forts similaires au Québec dans le dossier des PPP du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Et tout ça, alors que le CHUM n’a même pas encore accueilli ses premiers patients…

En plus des échéanciers non respectés, nous avons appris que le partenaire privé dans le dossier du CHUM était en difficulté financière et qu’il a eu besoin d’avances de Québec. Nous avons aussi raison de craindre le pire concernant la qualité des installations. Les signaux d’avertissement se multiplient alors que des informations inquiétantes nous parviennent des chantiers où semble régner la confusion.

C’est sans oublier l’entourloupette habituelle des extras. Elle consiste notamment à exiger des montants d’argent absurdes pour des réparations mineures. En 2016, au CUSM, le consortium privé a poursuivi l’hôpital pour… 300 millions de dollars d’extras.

Tout ça est business as usual avec un PPP. Une enquête menée en Angleterre avait révélé que l’on avait exigé près de 4000 $ à une école pour le remplacement d’un robinet qui coûte habituellement 140 $. Dans une autre, on a montré une facture de 14 000 $ pour remplacer un store… L’IRIS avait déjà relevé ce type d’absurdités au CUSM.

 

Non seulement les autorités publiques font preuve d’un aveuglement irresponsable en maintenant la formule PPP dans les méga-hôpitaux montréalais, mais tant Québec qu’Ottawa ne voient pas les risques associés à la Banque de l’infrastructure du Canada. En effet, elle pourrait devenir une machine à PPP.

C’est comme si les gouvernements allaient à contre-sens de l’histoire. Ou peut-être que leurs intérêts ne sont tout simplement pas les mêmes que ceux de la population ?

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