Les femmes ne viennent pas de Vénus, mais Alain Dubuc vit sur Mars
15 mars 2016
Alain Dubuc n’a pas aimé son 8 mars. C’est que le collectif chapeauté par la FFQ qui organisait bon nombre d’activités pour la journée a choisi comme thème la lutte à l’austérité. Pour le chroniqueur, ce choix n’est pas le bon, car il sait mieux que les femmes ce qui devrait les préoccuper. Il en profite pour faire une analyse biaisée et partielle de notre étude « Les mesures d’austérité et les femmes : analyse des documents budgétaires depuis novembre 2008 ». Rectifions certains faits.
Alain Dubuc prétend que notre approche est « mécanique » en la comparant au livre à succès « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ». Pour notre part, nous considérons que c’est le chroniqueur de La Presse qui donne toutes les impression d’habiter la lointaine planète, tant il est distant des réalités terriennes.
En fait, notre étude se veut justement une réponse à la vision « comptable » des récents gouvernements qui présente leurs choix politiques comme de simples colonnes de chiffres sans conséquence sur la vie des gens. M. Dubuc prétend que nous ignorons dans notre analyse les « retombées des politiques de relance, [la] nature des compressions, [les] destinataires de services, [la] nature. » Pourtant, nous avons effectivement analysé ces éléments à l’exception des impacts sur l’environnement.
Nos résultats sont sans ambigüité : puisque la relance était d’abord centrée sur les infrastructures et les ressources naturelles et que l’austérité est une affaire de secteur public, les femmes en ressortent perdantes. Il peut y voir de la psycho-pop s’il le veut, mais cela ne changera pas la réalité. Les emplois en foresterie seront pourvus par des hommes, les compressions dans les écoles mettront des femmes à la porte. Mais il ne s’agit pas seulement d’emplois. Ce que le gouvernement comprime et coupe se transforme généralement en un surplus de travail sur les familles. Or, encore en 2016, ce sont les femmes qui font le plus de tâches domestiques et qui aident le plus les proches malades. Comme nous le mentionnions dans l’étude, les femmes sont souvent touchées à plusieurs niveaux par les compressions, à la fois comme travailleuses, comme bénéficiaires de services et comme remplaçantes bénévoles des services publics.
Notre étude souligne qu’il est temps de changer une certaine vision du développement économique qui prétend que les métiers d’hommes sont liés aux « investissements » et que les métiers de femmes sont liés aux « dépenses ». Or, juché tout là-haut sur Mars accompagné de sa vulgate d’économie orthodoxe, M. Dubuc ne peut ni constater les tristes réalités concrètes de compressions, ni voir qu’il y a d’autres façons de concevoir les finances publiques.