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Il ne faut pas vivre dans le passé!

9 mars 2016

  • Julia Posca

En cette journée internationale des femmes, donnons raison, le temps de ce court billet, à toutes celles et ceux qui comme la ministre québécoise de la Condition féminine voient dans le féminisme une relique du passé et concentrons-nous plutôt sur la situation enviable des Québécoises en ce début de XXIe siècle. Rien de tel pour ensuite mieux se tourner vers l’avenir!

En octobre 2015, le Secrétariat à la condition féminine publiait un portrait statistique de l’évolution de l’égalité entre les hommes et les femmes, près de 10 ans à la suite de l’adoption par le gouvernement libéral de Jean Charest de la politique Pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait. Voici quelques uns des éléments les plus réjouissants qui se retrouvent dans le document produit par le Secrétariat :

·      Les femmes sont plus diplômées que les hommes, du secondaire au 2e cycle universitaire.

·      Pourtant, elles sont moins présentes sur le marché du travail. Le taux d’activité des femmes de 15 ans et plus est de 60,7%, contre 68,8% pour les hommes.

·      Elles travaillent davantage à temps partiel. 27,1% des emplois occupés par les femmes sont à temps partiel contre 13,6% des hommes employés.

·      Elles touchent des revenus inférieurs aux hommes. Leur revenu total médian équivaut à 71,2% de celui des hommes. En 2010, les gains des femmes autochtones représentaient pour leur part 88,2% de ceux de l’ensemble des femmes du Québec et ceux des femmes immigrées, 89,5%.

·      Elles sont plus nombreuses à travailler au salaire minimum. 57,7% des personnes rémunérées au salaire minimum sont des femmes.

·      Elles reçoivent davantage de transferts gouvernementaux soit 32,20 $ en transferts pour chaque 100 $ de revenu d’emploi contre 16,00$ pour les hommes.

·      Elles travaillent davantage dans le secteur public qui est depuis plusieurs années, la cible de mesures d’austérité. 32,3% des femmes occupant un emploi œuvrent dans ce secteur contre 18,0% des hommes qui occupent un emploi.

À cela, il faut ajouter les avantages que les femmes tirent de leur condition de mère et du rôle traditionnel auquel elles doivent parfois se conformer :

·      76% des familles monoparentales ont à leur tête une femme. 33% de ces familles étaient à faible revenu en 2011 contre 14,4% des familles monoparentales ayant à leur tête un homme et 5,3% des personnes dans des familles biparentales avec enfants.

·      Les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel pour s’occuper des enfants (14% des femmes contre 2,1% des hommes) ou à s’absenter du travail en raison d’obligations personnelles ou familiales (plus de deux fois plus d’absence que leurs collègues masculins).

·      Elles consacrent plus de temps au soin des enfants. En 2010, les femmes travaillant à temps plein et ayant au moins un enfant de moins de 5 ans y consacre près d’une heure par jour de plus que les hommes.

·      Elles consacrent aussi plus de temps au soin de leurs proches. En 2012, 57,6% des personnes aidantes sont des femmes.

En vrac, soulignons enfin que :

·      Les femmes sont davantage affectées par des troubles de l’alimentation que les hommes.

·      Elles sont les principales victimes de la violence conjugale et des infractions à caractère sexuel.

·      Elles sont sous-représentées dans les postes décisionnels.

Bref, de nos jours, être une femme constitue encore un obstacle à l’obtention de conditions de vie et de travail que la société consent pourtant déjà aux hommes. Alors pour ce qui est de l’avenir et de ce qui, de l’aveu de Mme Thériault, « reste encore à faire », remettons-nous en à la bonne volonté de chacun, et surtout de chacune. Exit la volonté politique, l’important c’est l’optimisme! Allez hop les filles, vous êtes capables!

Et surtout, rappelons-nous pourquoi vivre dans le passé est dangereux : on risquerait de se souvenir que le 8 mars est, entre autres, une journée dédiée à la mémoire des luttes sans lesquelles le portrait qui vient d’être dressé aurait été encore plus sombre. À trop regarder en arrière, on pourrait même être tenté de défendre les acquis que le mouvement féministe a légués à la société et, pire, de se battre pour accroître ce précieux héritage.

8 mars 2016.

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