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Hausse du salaire minimum: le vœu de pauvreté du gouvernement

24 janvier 2017


Le gouvernement Couillard a annoncé une hausse du salaire minimum ce matin. 50 ¢ le 1er mai prochain, 50 ¢ en 2018 et 35 ¢ pour les deux années qui suivent. Bien sûr, la ministre du Travail se félicite de cette mesure et veut y voir une preuve de l’ouverture du gouvernement aux demandes de la population. Derrière l’annonce toutefois se cache une triste réalité : cette hausse maintiendra près d’un·e salarié·e sur quatre dans une situation de précarité économique.

 

Deux choses à dire d’entrée de jeu. D’abord, rien n’assure que ce qui est annoncé ce matin se réalisera. Le gouvernement a bien pris soin, pour se ménager des critiques provenant de sa droite, de soumettre la hausse à des objectifs de croissance économique. Oui il y aura une hausse, mais juste si la croissance le permet. Une telle logique, si elle avait été appliquée depuis 1979, aurait fait en sorte que le salaire minimum serait à peu de chose près déjà à 15 $/heure. Le gouvernement se garde bien de reconnaître ce retard et d’agir pour le combler.

Ensuite, on voit bien la faible volonté du gouvernement de hausser le salaire des travailleurs et des travailleuses pauvres dans la tiédeur de la hausse qui nous a été communiquée ce matin. D’accord, deux hausses consécutives de 50 ¢ sont une bonne chose, mais si l’on voulait réellement améliorer le sort des salarié·e·s au bas de l’échelle, il aurait fallu dès maintenant annoncer que l’on comptait maintenir ce rythme pour plusieurs années. À l’inverse, le PLQ prévoit, dès 2019, ralentir la cadence.

Bref, le gouvernement se paie à peu de frais une belle annonce de politique sociale en espérant ainsi faire oublier l’application de son programme d’austérité. Depuis l’automne, c’est là le leitmotiv de Philippe Couillard, opérer un virage social. Nous aurions pu espérer qu’il soit plus sérieux dans sa démarche. Pour l’heure, il semble au contraire qu’il tente bien plus de se positionner en vue des prochaines élections : il veut pouvoir dire aux Québécois et aux Québécoises que les partis d’opposition n’ont pas le monopole du cœur, que son gouvernement a agi pour les plus pauvres. Je suis convaincu que les pauvres dont il est question seront reconnaissants à Philippe Couillard de se payer une campagne de relations publiques sur leur dos.

15 $/heure : horizon 2028

Qu’en est-il de la campagne pour le 15 $/heure? Avec cette annonce, est-ce qu’on s’approche de l’objectif? Pas vraiment. Au rythme mis de l’avant par le gouvernement, nous devrions arriver à 15$/heure en 2028. Mieux vaut tard que jamais me dites-vous. Peut-être. Mais dans l’intervalle, l’atteinte de cet objectif ne vaudra plus dire grand-chose.

Pour mettre les choses en perspectives, comment l’évolution projetée du salaire minimum se situe-t-elle par rapport au salaire viable? Prenons par exemple le salaire viable pour une personne seule vivant à Montréal qui se situait, en 2016, à 15,78 $/heure. Ceci signifie que pour bien vivre, se payer l’essentiel et avoir la marge de manœuvre suffisante pour faire des choix et parer aux imprévus, il faudrait qu’une personne vivant seule à Montréal et travaillant à temps plein gagne ce salaire horaire.   

C’est donc dire que l’application immédiate d'une politique de salaire minimum à 15 $ aurait grandement rapproché le seuil minimum d’un seuil de viabilité. Il va s’en dire que la hausse insuffisante annoncée aujourd’hui aura l’effet opposé. En 2028, au rythme où vont les choses, le salaire minimum atteindra bel et bien 15$/heure. Le problème, c’est que le salaire viable mentionné précédemment pourrait lui bien atteindre 19,16$. Encore une fois, les bas salarié·e·s devront compenser ce manque à gagner à même leur vie.           

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