Forum des idées : le PLQ réfléchit déjà aux prochains reculs
29 septembre 2016
Aujourd’hui s’ouvre le quatrième Forum des idées organisé par le Parti libéral du Québec (PLQ). Durant la fin de semaine, la famille libérale se réunit pour parler d’enjeux sociaux : lutte à la pauvreté, salaire minimum, revenu minimum garanti et comment favoriser une plus grande égalité intergénérationnelle. On ne rêve pas. Le même parti qui en 2012 a déclenché une crise sociale pour aller chercher quelques millions dans la poche des étudiant·e·s et qui, depuis 2014, impose au Québec la plus sévère ronde de compressions en 20 ans veut maintenant redorer son blason.
Tant mieux? Oui et non. Évidemment, on ne peut que se réjouir si ces journées impliquent un changement de cap sérieux de la part du gouvernement. Toutefois, il faudrait malheureusement être bien naïf pour le croire. En fait, les futurs engagements du gouvernement ne laisseront pas beaucoup de place pour un quelconque revirement. Regardons-y de plus près.
Équilibre budgétaire : Il est difficile d’envisager un changement de cap sérieux tellement le dogme budgétaire enserre la politique gouvernementale. Après avoir imposé pour plus de 4 milliards de dollars de coupes en deux ans, il serait hasardeux pour le PLQ de tout d’un coût annoncer des investissements. Nous serions nombreux et nombreuses alors à demander à quoi bon avoir tant diminué le financement des services, si ce n’était que pour réinvestir ailleurs. La méthode dure de l’austérité se révélerait ainsi pour ce qu’elle a toujours été : une politique sans fondement. Il est plus raisonnable de penser que le PLQ sera très avare sur le plan des nouvelles dépenses et qu’il tentera de se refaire une beauté sociale à rabais.
Fonds des générations : Le prétexte pour ne pas réinvestir massivement est déjà trouvé. Il faudra certes respecter le dogme de l’équilibre budgétaire, mais surtout le gouvernement Couillard a déjà trouvé là où il compte dépenser sa marge de manœuvre. Comme l’an dernier, c’est le Fonds des générations qui recueillera le gros des surplus, laissant du même coup les services à la population exsangues et sous-financés. Alors qu’il serait possible de répondre aux besoins sociaux criants comme, par exemple, les soins à domicile, Québec choisira plutôt de « rassurer les marchés ».
Baisses d’impôt : Le plan libéral en vue des élections de 2018 compte sur la diminution des impôts. Le ministre des Finances a déjà signalé son intention d’abolir la mal-aimée « taxe santé », reste alors à voir si d’autres annonces en ce sens s’ajouteront lors du budget qui sera présenté en mars prochain.
Une chose est certaine, avec ces trois impératifs, il ne restera plus beaucoup d’espace pour traduire les belles ambitions du Forum libéral en politiques concrètes, ou du moins en politiques qui répondront effectivement aux besoins de la population. Prenons le revenu minimum garanti, par exemple. La réforme proposée par le projet de loi 70 suggère que le gouvernement souhaite en fait rabaisser le soutien offert par l’État à un plancher qui oscillerait autour de 400 $ par mois. Avec un tel montant, tout aussi garanti soit-il, personne ne peut réellement penser que la pauvreté reculera d’un pouce dans les prochaines années.
Reste alors à voir s’il y aura une petite ouverture sur l’enjeu du salaire minimum. La présence d’un conférencier comme Alexandre Taillefer donne un peu d’espoir sur ce front. En fait, actuellement, le seul changement significatif en vue d’une lutte aux inégalités qui risque de se produire en matière de politiques publiques est probablement une augmentation qui rapprocherait le salaire minimum de 15 $ de l’heure.